Après le numéro deux d’AB InBev, le numéro un d’Heineken a également annoncé son départ. Y a-t-il un changement de génération dans le secteur de la bière ?
Qu’est-ce qui a été annoncé ?
Le plus grand brasseur du monde AB InBev, a fait quelques changements dans la direction au plus haut niveau. Notamment le départ du directeur financier et du numéro deux Felipe Dutra. Son premier challenger Heineken réorganise également son top managment. Dans le groupe hollandais, le Belge Jean-François van Boxmeer est licencié alors qu’il y était le CEO depuis longue date. Dolf van den Brink, le directeur de l’Asie, est promu à la première place. Il s’agit des changements de gestion les plus radicaux en 15 ans pour les deux géants de la bière.
Pourquoi maintenant ?
Le timing n’est pas illogique, car les assemblées générales ont lieu au printemps. Les blocs familiaux dominants, comme la famille Heineken, annoncent déjà leurs plans de transition pour la haute direction, afin que le marché puisse s’y habituer et que son approbation par l’assemblée générale ne soit qu’une formalité.
Les échanges se déroulent-ils de manière organisée ?
Oui. AB InBev parle d’un « plan de succession bien pensé », Heineken d’une « transition en douceur ». Selon les analystes, les deux sociétés sont également concernées par une évolution plutôt que par une révolution. Il ne fait cependant aucun doute qu’il y avait une compétition interne en coulisses pour les postes de top manager. Et c’est assez logique dans les organisations axées sur la performance telles que AB InBev ou Heineken. Dans le communiqué de presse officiel, Van Boxmeer a complimenté sa directrice financière, Laurence Debroux. Cela suggère qu’elle était également candidate au poste de PDG, mais a dû y renoncer.
Ce n’est toutefois pas si bien préparé partout. Le géant de l’énergie Engie a récemment annoncé le départ de son PDG, sans qu’un remplaçant ne soit prêt.
Quelle est la perspective ?
Tous les connaisseurs conviennent que les dirigeants des grands groupes de bière doivent avoir des qualités différentes de celles du passé. Après la vague de consolidation des vingt dernières années, de nouveaux défis voient le jour. Les problèmes les plus importants que les nouveaux top managers doivent résoudre concernent probablement le mix de produits.
Dans quelle mesure les groupes de brasserie comme AB InBev et Heineken devraient-ils se diversifier dans les boissons gazeuses et autres boissons ? Et quelle sera l’importance de la bière sans alcool ou à faible teneur en alcool, compte tenu de la tendance mondiale à la modération de l’alcool ? Le groupe brassicole qui réussira le mieux à rester pertinent pour la prochaine génération de consommateurs remporte la compétition.
D’autres sorties vont-elles suivre ?
Le spécialiste de longue date, Trevor Stirling, de la bourse de Bernstein, s’attend à ce que Cees ‘t Hart, le PDG du groupe de bière danois Carlsberg, passe le flambeau rapidement. Le Néerlandais y est le numéro un seulement depuis 2015.
Mais les yeux se tournent principalement vers le PDG d’AB InBev, Carlos Brito (né en 1960), compagnon de génération de Van Boxmeer (1961). Tous deux sont arrivés à la même période, il y a une quinzaine d’années, à la tête de leur groupe de bière. Depuis 2005, Brito a formé un duo avec Dutra, un dio redouté par les autres membres du secteur, mais avec le départ de son lieutenant, le tandem va bientôt se séparer.