Pendant que se joue la Coupe du Monde de football dans une monarchie absolue qui viole allègrement tous les droits humains, en coulisse on signe des contrats. En particulier sur le GNL, le nouvel or noir du Qatar.
Le Qatar et la Chine signent un mega-deal sur le GNL, mettant la pression sur l’Europe… et la Russie

Pourquoi est-ce important ?
Le Qatar espère voir les retombées économiques d'une World Cup sur son territoire, tandis que la Chine cherche toujours à assurer son approvisionnement énergétique. Dans l'affaire, le perdant serait plutôt l'Europe et la Russie, qui aurait bien besoin de devenir la réserve de gaz de Pékin.Dans l’actualité : le Qatar signe avec la Chine un accord commercial historique sur le gaz naturel liquéfié (GNL).
- Le patron de QatarEnergy, Saad al-Kaabi, a déclaré lundi à Reuters que l’entreprise avait signé un accord de vente et d’achat d’une durée de 27 ans avec l’entreprise chinoise Sinopec. Une durée exceptionnellement longue pour ce genre d’accord.
- L’accord concerne le plus grand champ gazier au monde, partagé entre le Qatar et l’Iran, la monarchie absolue du Golfe appelant sa parcelle North Field East.
« Nous sommes très heureux de cet accord avec Sinopec, car nous avons entretenu une relation à long terme par le passé et cet accord porte notre relation à de nouveaux sommets, puisque nous avons conclu un accord de partenariat stratégique qui durera jusque dans les années 2050. »
Saad al-Kaabi
L’enjeu : après le pétrole, le GNL. Avec une demande mondiale bien partie pour grimper dans les prochaines années, le royaume du Golfe compte bien devenir un fournisseur de gaz incontournable.
- Plus tôt cette année, QatarEnergy a signé des contrats pour lancer un plan d’expansion en deux phases de North Field East. La première et la plus ambitieuse prévoit six nouvelles unités de liquéfaction du gaz. Elles feront passer la capacité de liquéfaction du Qatar de 77 à 126 millions de tonnes par an d’ici 2027, selon CNN.
- « Je pense que la récente volatilité a amené les acheteurs à comprendre l’importance d’un approvisionnement à long terme » a laissé échapper Saad al-Kaabi.
- D’autres accords seraient en cours de négociation, avec des pays d’Europe comme ailleurs dans le monde.
Le revers de la pièce : alors que le GNL était resté un produit d’exportation sûr pour Moscou, à l’inverse du gaz par pipe-line, les Qataris semblent bien vouloir s’imposer dans ce secteur aussi.
- L’Union européenne veut se sevrer des énergies russes, mais a été contrainte d’augmenter ses importations de GNL du Kremlin. Une situation provisoire toutefois : derrière les matchs de foot, cela négocie ferme.
- Cela mettra de toute façon plus de pression sur le marché. Jusqu’ici l’Europe a pu bénéficier de la baisse de la croissance chinoise pour faire des réserves de GNL.
- Pour Moscou l’accord sino-qatari à long terme n’est pas une bonne nouvelle : il signifie que Pékin se cherche d’autres fournisseurs fiables, alors que la Russie espérait bâtir ce genre de relation de longue durée pour écouler ses ressources.