Proximus souhaite obtenir rapidement la clarté des autorités belge et européenne sur la manière et la possibilité ou non de collaborer avec les fournisseurs chinois dans le déploiement de son réseau 5G.
Stefaan De Clerck, président du conseil d’administration de l’opérateur, a ainsi souligné mardi, devant la commission Entreprises publiques de la Chambre, l’importance de l’égalité de traitement pour toutes les entreprises de télécommunications en Europe.
A travers la planète, de nombreux opérateurs télécoms déploient actuellement des réseaux 5G, de cinquième génération, permettant un accès ultra rapide à l’internet mobile. Proximus souhaite également s’y préparer. Mais l’entreprise a, pour cela, besoin de spectre, qui est vendu aux enchères par le gouvernement. La procédure est actuellement au point mort en raison d’un désaccord politique entre le fédéral et les Régions, renforcé par la situation d’affaires courantes du gouvernement fédéral.
Mais Proximus doit aussi, dans le cadre de ce déploiement, opter pour un fournisseur de l’infrastructure. Ce ne sera pas une affaire facile, a d’ailleurs reconnu son administrateur délégué Guillaume Boutin. Parmi les principaux acteurs sur ce segment figurent en effet des entreprises chinoises soupçonnées par certains pays, les Etats-Unis en tête, d’espionnage et d’entretenir des liens trop étroits avec Pékin.
Le cas Huawei
La plus connue d’entre elles est Huawei, qui collabore déjà avec Proximus pour la 4G. L’ancienne patronne de l’opérateur, Dominique Leroy, avait d’ailleurs toujours défendu ce partenariat, qui restait valable à ses yeux tant que les accusations d’espionnage n’étaient pas prouvées ou n’avaient pas fait l’objet d’une décision des autorités.
Le nouveau CEO, entré en fonction le 1er décembre dernier, n’a pas voulu en dire davantage sur le choix d’un fournisseur. ‘Vous pouvez avoir toute ma détermination pour que nos réseaux mobiles soient des réseaux sûrs. Nous n’avons pas d’autre choix, nous, en tant que fournisseur d’infrastructures sensibles, que de garantir la sécurité de nos réseaux’, a-t-il insisté devant les députés. ‘Mais nous avons aussi un devoir de se conformer aux décisions qui sont prises au niveau de l’Europe et du pays’, a-t-il ajouté.
Stefaan De Clerck a reconnu qu’il existe une tension entre, d’une part, la question de la sécurité et, d’autre part, le coût et l’efficacité de l’équipement. La direction de Proximus a déjà laissé entendre, plus tôt cette année, que Huawei était plus avancé technologiquement et moins cher que ses concurrents. Le président de Proximus attend à présent une contribution du gouvernement dans ce dossier et compte en particulier sur un traitement égal de tous les opérateurs européens. ‘Ce ne serait pas idéal si chaque pays agissait individuellement’, a-t-il estimé.
Éviter la multiplication des antennes
Pour Guillaume Boutin, il est en tous les cas important de ne pas prendre trop de retard la 5G par rapport aux autres pays européens et aux autres opérateurs. Il a notamment évoqué les normes d’émission des antennes à Bruxelles, trop strictes que pour permettre un déploiement de cette technologie. Il a appelé à ‘très vite’ rentrer dans un dialogue constructif pour rendre ces normes compatibles avec un tel déploiement.
‘Autrement, on va devoir multiplier les antennes pour pouvoir pallier ce problème’, a-t-il prévenu. ‘Dans un monde où l’on souhaite être écologiquement responsable et réduire notre empreinte carbone, je ne pense pas que ce soit compatible avec un déploiement excessif de pylônes, que l’on pourrait éviter.’