Face à la hausse du prix du pétrole, la France va autoriser la vente à perte de carburant : qu’est-ce que ça signifie ?

La Première ministre française Elisabeth Borne a annoncé que son gouvernement allait autoriser la vente à perte, qui est pourtant interdite par une loi de 1963. La grande question est de savoir si cette mesure fera baisser les prix à la pompe.

Dans l’actu : la France veut à nouveau faire baisser le prix à la pompe.

  • Face à des prix qui explosent, Elisabeth Borne a sorti de son chapeau une mesure surprenante et inédite : autoriser la vente à perte, qui est normalement interdite par une loi de 1963, à quelques exceptions près dans la grande distribution.
  • La Première ministre espère faire ainsi baisser les prix à la pompe, mais on sait encore très peu de choses sur cette pratique.
    • On ne connait ni le cadre ni la durée de la mesure : Borne a parlé de « quelques mois ». Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire estime que la mesure sera effective « début décembre ».
    • On ne sait pas qui pourra ou voudra l’appliquer : la mesure visera sans doute les grands groupes industriels comme TotalEnergies, qui maitrisent la production, le raffinage et la distribution de carburants. Ou alors les grands distributeurs pour qui la vente à perte servira de produit d’appel. Quoi qu’il en soit, les pompistes indépendants se montrent, eux, très inquiets, car ils ne pourront rivaliser avec les grands groupes.
    • On ne sait pas si ça fera vraiment baisser les prix : la grande distribution représente 60% des ventes de carburant dans l’Hexagone. Or, elle ne fait qu’une marge comprise entre 1 et 3% par litre. La marge de manœuvre est donc très limitée. Comme en Belgique, la majeure partie du prix des carburants est composée de taxes.
      • Et même si baisse de prix il y a, comment s’assurer que la grande distribution ne compensera pas par une augmentation des prix sur d’autres produits ?

Inflation

Zoom avant : la France et les prix des carburants.

  • Durant la période inflationniste de 2022, le gouvernement français a mis en place une ristourne pour faire baisser le prix à la pompe. Mais cette mesure a pris fin le 1er janvier de cette année.
  • Certains grands groupes ont également fait un geste, TotalEnergies effectuant une remise de 20 centimes l’année dernière.
  • Ces mesures ont protégé le pouvoir d’achat des Français pendant un temps. Mais en 2023, les automobilistes ont pris un gros contrecoup, avec notamment une pénurie de carburants provoquée par des grèves dans les raffineries.
  • TotalEnergies a finalement décidé de limiter ses prix à 1,99 euro le litre durant toute l’année 2023.
  • En Belgique, le gouvernement a mis en place un « cliquet inversé » qui joue avec les accises en fonction des prix du carburant. S’ils dépassent un certain plafond, les accises diminuent, et inversement en cas de baisse des prix. Une mesure qui a montré jusqu’ici son efficacité.

Prix du pétrole

Le contexte : les prix du pétrole flambent à nouveau.

  • Le baril de Brent s’approche de la barre des 95 dollars. Le pétrole qui fait référence en Europe a pris 11% ces derniers jours.
  • On en connait les principales raisons : l’OPEP+ a annoncé prolonger la restriction de sa production jusqu’à la fin de l’année. Ensuite, les États-Unis sont en train d’éviter la récession et puisent profondément dans leurs réserves stratégiques. Enfin, la demande repart à la hausse en Chine, après une reprise post-covid en demi-teinte.
  • Ces 3 tendances économiques risquent d’alimenter les prix du pétrole et plus largement l’épisode inflationniste. Certains voient désormais le prix du baril s’envoler au-dessus des 100 dollars.
  • À la pompe, en Belgique, le prix maximum de la Super 95 est de 1,9180 euro le litre, la Super 98 de 2,1390 euros le litre, et le mazout (moins de 2.000 litres) de 1,1812 euro le litre.
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