En construisant le premier gazoduc reliant la Chine à la Russie, cette dernière rebat les cartes de la géopolitique énergétique.
Pour s’attaquer au sol gelé de la Sibérie, il faut que l’enjeu en vaille la peine. En construisant un nouveau gazoduc, baptisé ‘Power of Siberia‘, au départ de cette région en direction de l’est, la Russie entend ouvrir son marché gazier à la Chine. La conduite de plus de 2.000 kilomètres a été inaugurée en grande pompe ce lundi.
C’est ‘un événement véritablement historique, non seulement pour le marché mondial de l’énergie, mais avant tout pour vous et moi, pour la Russie et la Chine’, a déclaré Vladimir Poutine lors d’une vidéo-conférence en duplex retransmise à la télévision russe et relayée par l’AFP. Ce projet ‘portera la coopération stratégique russo-chinoise à un tout autre niveau’, a-t-il encore précisé.
À terme, le réseau dans son ensemble sera long de plus 3.000 kilomètres.
400 millions de dollars
Derrière le chantier, on retrouve évidemment Gazprom. L’entreprise russe a signé un contrat en 2014 qui s’élevait à 400 millions de dollars (363 millions d’euros). La compagnie s’engage à livrer 38 millions de mètres cubes de gaz par an à la China National Petrolium Corporation (CNPC) durant 30 ans. Le gaz transitera ensuite par les tuyaux chinois pour parcourir les 3.770 kilomètres qui séparent la frontière de Shanghai.
Gazprom entend atteindre la pleine capacité de l’installation en 2025.
Le géant gazier promeut son projet comme un concentré de nouvelles techniques et un défi d’ingénierie. Il faut dire que le pipeline devra affronter un climat particulièrement rigoureux, avec des températures pouvant descendre parfois jusqu’à -60 degrés.
Un signal fort
Le gaz constitue un enjeu majeur pour l’économie russe et un moyen de pression sur l’échiquier international. En témoigne la crise de 2014, où le président russe avait décidé de couper les robinets qui alimentent l’Ukraine. À l’heure actuelle, la majeure partie de la production russe s’écoule vers l’Ouest. Mais la détérioration des relations avec l’UE donne des idées à Vladimir Poutine. Ce dernier a compris le potentiel que représente une Chine en pleine croissance et grande consommatrice d’énergie.
La consommation chinoise a en effet augmenté de 18% sur la seule année 2018, selon les données de l’Agence internationale de l’énergie. Et le pays produit une partie de sa consommation.
Actuellement, la Chine importe également du gaz de Malaisie, Indonésie, de l’Australie et du Qatar.