« Nous devrons nous habituer au fait que les banquiers centraux ne cessent de dire qu’ils sont choqués par une inflation qui dépasse les attentes, encore et encore. […] Ils cherchent désespérément à éviter les erreurs des crises précédentes, lorsqu’ils ont relevé prématurément les taux d’intérêt. Pourtant, on ne parle plus d’austérité, mais d’une politique budgétaire plus agressive à grande échelle. » C’est ce qu’écrit Wolfgang Münchau, le directeur général d’EuroIntelligence, dans son briefing de fin d’année. Münchau dirige un service d’information et d’analyse consacré à l’UE et la zone euro.
Selon lui, une période inflationniste est en effet proche. Parce que la plupart des facteurs structurels de faible inflation qui ont caractérisé ces dernières années atteignent désormais leurs limites. Il donne trois exemples :
- La libre circulation des personnes a atteint son apogée alors que les pays limitent l’immigration.
- La mondialisation de la production a atteint un sommet alors que les entreprises européennes renationalisent leurs chaînes d’approvisionnement.
- L’offre apparemment inépuisable de main-d’œuvre a été l’une des causes des pressions désinflationnistes dans l’économie mondiale. Toutefois, le facteur dominant dans la période à venir sera la contraction démographique, qui exercera une pression sur les coûts de la main-d’œuvre. (L’Allemagne a enregistré une baisse de 150 000 travailleurs cette année et devra porter l’immigration nette à environ 400 000 personnes rien que pour maintenir le niveau actuel des travailleurs et des augmentations de salaire).
Dans son exposé de fin d’année, Münchau a également évoqué la question de l’énergie. « Normalement, nous ne sommes pas inquiets des prix de l’énergie. Mais « il existe des scénarios dans lesquels des augmentations extrêmes des prix de l’énergie pourraient déclencher une réaction en chaîne conduisant à une inflation soutenue. Une invasion russe de l’Ukraine, par exemple ».