Pourquoi les prix du pétrole sont-ils en chute et qu’attendre des prochains mois ?

Pourquoi les prix du pétrole sont-ils en chute et qu’attendre des prochains mois ?
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Alors que beaucoup prédisaient un baril du pétrole à 100 dollars, on est aujourd’hui loin du compte. Les problèmes de demande l’emportent sur les problèmes d’offre.

Pourquoi est-ce important ?

Les prix du pétrole peuvent être un indicateur de la santé économique mondiale. Les monarchies pétrolières se battent depuis des mois pour maintenir des prix hauts, mais le manque de demande, lié à un ralentissement économique global, viennent à chaque fois corriger les prix. C'est une bonne nouvelle pour l'inflation, mais une moins bonne la croissance.

Dans l’actu : le baril de Brent chute en dessous des 80 dollars.

  • Le baril de Brent, la référence en Europe, s’échange ce jeudi matin à 79,9 dollars, un prix qui n’avait plus été aussi bas depuis juillet dernier.
  • Sur le marché américain, le baril de WTI tourne autour des 75 dollars.

En septembre, le pétrole tournait pourtant autour des 95 dollars, et beaucoup, dont le patron de Chevron, voyaient le chemin au-delà des 100 dollars tout tracé. Le resserrement de l’offre, la probable fin de la hausse de taux d’intérêt et la diminution des stocks, tels étaient les arguments avancés.

Refroidissement

Les facteurs de baisse : ça refroidit.

Voilà pourquoi il faut toujours prendre les prévisions avec d’énormes pincettes. Plusieurs facteurs nous écartent aujourd’hui du scénario envisagé.

  • À commencer par l’économie chinoise, qui a montré une progression de sa demande intérieure, mais qui peine toujours au niveau des exportations, avec un recul de 6,4% en octobre. Les exportations chinoises sont un indicateur de l’économie mondiale, et celle-ci est clairement en voie de refroidissement.
  • Ce ralentissement est nettement plus marqué en Europe qu’aux États-Unis. Les indices PMI publiés cette semaine se dégradent. Le PMI est l’indice des directeurs d’achat. Il anticipe l’activité tant au niveau manufacturier que celui des services.
    • L’indice manufacturier s’est établi à 45 points, en recul pour le 7e mois consécutif. Un indice en dessous de 50 points signifie un ralentissement.
    • L’indice des services a longtemps résisté, mais il est aujourd’hui en déclin pour le 3e mois consécutif, à 47,8 points.
  • Ce ralentissement est logique et même souhaité par les banques centrales, qui luttent contre l’inflation. Mais alors que la semaine dernière, tous les observateurs s’attendaient à la fin du cycle de hausse des taux, certains gouverneurs de la banque centrale américaine, la Fed, sont venus jeter un doute. Il n’est pas exclu que d’autres hausses des taux soient nécessaires l’année prochaine.
    • Hier, Jerome Powell, le président de la Fed, n’a rien laissé transparaître après une nouvelle réunion. Il n’a pas évoqué la politique de taux. Mais il devrait faire de nouveaux commentaires ce jeudi et se montrera sans doute encore très prudent.

Un marché qui reste tendu à long terme

Les facteurs de hausse : l’Opep et la guerre au Proche-Orient.

  • Les éléments ci-dessus l’emportent pour le moment sur ceux qui ont contribué à pousser les prix vers le haut.
  • L’Opep, mené par l’Arabie saoudite, dans une parfaite entente avec la Russie, a annoncé plusieurs réductions de la production de pétrole, ce qui a à chaque fois fait bondir les prix, après quoi ces derniers sont à chaque fois rentrés dans le rang.
  • Pour l’heure, la réduction de la production est annoncée jusqu’à la fin de l’année, mais il est fort à parier que l’Opep et ses alliés prolongeront ces coupes l’année prochaine. On pourrait alors connaitre un nouveau bond des prix du pétrole, au moins pour un temps.
  • Le conflit au Proche-Orient est aussi un facteur de risque. Il a contribué à alimenter les prix mais ne le fait plus, parce que la guerre ne s’est pas élargie au-delà des belligérants.
  • À plus long terme, l’Opep et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) répètent que le marché restera tendu. La demande de pétrole ne devrait pas se tarir avant la fin de la décennie, selon l’AIE. Et l’Opep estime que le manque d’investissements dans l’énergie fossile créera un goulot d’étranglement.

À la pompe : la baisse n’est pas flagrante.

  • La Super 95 s’échange à 1,79 euro le litre.
  • Le Diesel s’échange à 1,92 euro le litre.
  • Le mazout de chauffage à 1,01 euro le litre (+ de 2000 litres).
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