A la faveur de l’amélioration de la situation économique dans le monde, mais aussi de l’arrivée de Donald Trump au pouvoir aux Etats-Unis en 2017, le dollar s’est déprécié globalement. Mais pour 2018, il pourrait s’apprécier dangereusement pour une série de pays en voie de développement.
Depuis l’investiture de Trump, le dollar s’est globalement déprécié de 13 % en moyenne, tandis que le cours des matières premières a gagné 3 % en moyenne. Certaines matières se sont appréciées bien davantage, comme le pétrole (18 %), le cuivre (26 %), et le blé (7 %). De plus, le cours des actions des entreprises américaines a grimpé de 28 %, celui des firmes allemandes, de 15 %, et celui des firmes brésiliennes a même crû de 38 %.
Mais le dollar pourrait commencer à s’apprécier vis à vis de monnaies de pays en développement telles que le peso argentin, le real brésilien et le won coréen.
Les taux d’intérêt
En effet, les taux d’intérêt sur les obligations américaines ont augmenté plus rapidement que ceux des obligations européennes ou australiennes. Il est donc plus intéressant d’épargner en dollar que dans les autres monnaies. A terme, ces différences risquent d’encourager les investisseurs d’acheter des dollars, ce qui pousserait le cours des autres monnaies à la baisse. La parité de l’euro pourrait ainsi passer de 1,22 dollar à 1,12 dollar, soit une dépréciation de 8 %. Celle-ci pourrait se répercuter sur le cours de matières telles que l’or et le dollar.
Ce phénomène pourrait être renforcé par l’inflation, et la politique fiscale américaine, explique Javier Frachin de Clarin.
Des poussées inflationnistes
Aux Etats-Unis, le taux de chômage a atteint un niveau très faible, qui pourrait se combiner à la politique anti-migration de l’administration Trump pour compliquer les recrutements des entreprises. Celles-ci n’auront bientôt plus d’autre choix que d’augmenter les salaires, ce qui risque de faire repartir l’inflation à la hausse.
La politique fiscale américaine pourrait stimuler la croissance, et celle-ci pourrait atteindre 3 % si les firmes américaines rapatrient les réserves de trésorerie qu’elles conservent à l’étranger, mais aussi grâce aux réductions d’impôts, et aux travaux d’infrastructure prévus par le gouvernement. Simultanément, la Fed pourrait mettre fin à son programme de quantitative easing.
Dans ce contexte, les taux d’intérêt pourraient grimper, ce qui pourrait pousser la parité du dollar à la hausse. Le taux d’intérêt sur les bons du Trésor à 10 ans pourrait alors atteindre 5% (dont 3 % de croissance, et 2 % d’inflation).
Les pays en voie de développement dans la tourmente
Si cela se produit, les nations qui ont un fort déficit de compte courant et de faibles réserves en dollars, celles qui sont des exportatrices nettes de matières premières, et celles dont les taux d’intérêt sont faibles pourraient se trouver en difficultés. Parmi elles, on trouve la Turquie, l’Egypte, l’Argentine, le Brésil et la Corée du Sud. En revanche, des pays comme l’Inde, le Mexique, et l’Indonésie, qui ont des taux d’intérêt plus élevés, et qui sont dotés de réserves plus importantes, seront moins affectés.
Selon le CFTC, une instance de surveillance des marchés américaine, les investisseurs ont consacré 19 milliards de dollars (environ 15,5 milliards d’euros) pour “shorter” le dollar (c’est à dire, parier sur la baisse de sa parité contre l’euro).