Pourquoi le capitalisme est le père de l’Etat-Providence

Capitalisme et Etat-Providence semblent deux notions antagonistes. Mais selon le commentateur politique et auteur britannique Andrew Sullivan s’exprimant sur son blog The Dish, l’Etat-Providence est une conséquence du capitalisme. Il explique que les forces du capitalisme ont détruit les  liens communautaires et familiaux traditionnels qui préexistaient et jouaient le rôle du filet de protection sociale en dehors de toute intervention étatique.

En occident, l’Etat-Providence a commencé à apparaître en Allemagne au 19ème siècle et il s’est répandu ensuite dans d’autres pays, lorsque des paysans ont commencé à déserter les villages pour migrer vers les villes afin d’y trouver du travail, laissant derrière eux leurs familles.

La Corée du Sud, un laboratoire vivant des effets du capitalisme sur la société

Ce phénomène est actuellement observable en Corée du Sud. Dans la société traditionnelle confucéenne coréenne, le contrat social voulait que les parents fassent tout ce qui était en leur pouvoir pour prendre soin de leurs enfants, qui ensuite, le leur rendaient lorsqu’ils étaient devenus vieux. Récemment, cela a pu impliquer qu’ils puisaient dans leurs économies personnelles pour leur payer une bonne éducation. Mais les Sud-Coréens de la nouvelle génération qui ont connu l’exode rural ont souvent abandonné leurs parents à leur sort, créant une génération de gens âgés totalement esseulés qui survivent pauvrement dans des zones rurales désertées.

Le gouvernement de Corée du Sud exhorte les personnes âgées à réclamer de l’aide à leurs enfants, mais cet aveu de leur dépendance heurte leur dignité. En conséquence, on assiste à une hausse spectaculaire des cas de suicides dans cette génération : 4.378 suicides de personnes âgées ont été commis en Corée du Sud en 2010, contre 1.161 en 2000.

Le capitalisme est une force qui dérange et révolutionne la culture d’une société, et il a été un facteur de changement plus important pour l’humanité au cours des 300 dernières années que n’importe quel autre facteur au cours des deux cents derniers millénaires d’existence de l’homme, affirme Sullivan. La brutalité du capitalisme qui encourage les déplacements et les communications, ne renforce pas les normes sociales existantes, et il détruit les liens familiaux, comme l’a expliqué Daniel Bell dans son ouvrage, « The Cultural Contradictions Of Capitalism ».

L’Etat-Providence ne lutte pas contre le capitalisme, au contraire, il en garantit la pérennité

Ainsi s’explique pourquoi des dirigeants politique des 19ème siècle et 20ème siècle de tous bords, de droite comme de gauche, ont été attachés à la mise en place de filets de sécurité pour la société. Ils ne l’ont pas fait tant pour des raisons humanistes, mais plutôt parce qu’ils ont vite compris qu’à moins d’amortir le capitalisme pur et dur avec un bouclier collectif pour en adoucir les effets, ils s’exposaient à des mouvements révolutionnaires. De ce point de vue, l’Etat-Providence a donc été développé pour protéger le capitalisme, et non pour l’attaquer.

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