Pourquoi il semble si difficile de retourner sur la Lune

Le 13 septembre 2007, Google et X Prize ont proposé deremettre 20 millions de dollars (environ 16 millions d’euros) à toute organisation non étatiquequi organiserait une mission lunaire. Au mois de janvier dernier, ce concours aété annulé, faute de participants. Mais comment expliquer ce manque d’enthousiasmepour un projet dont on sait qu’il est faisable depuis 1969 ?

Le problème vient des ressources, explique la MIT TechnologyReview. Lorsque la NASA a lancé sa première mission lunaire, l’objectif étaitde prendre la Russie de vitesse, et non d’ouvrir la voie pour des missionsfutures. Il n’était donc pas question de bâtir des chaînes d’approvisionnementdurables et réutilisables. Pour rééditer cet exploit, il faudrait donc en bâtirde nouvelles.

En outre, aller sur la Lune est cher. En dollars d’aujourd’hui,il en coûterait 1,16 milliards de dollars (environ 940 millions d’euros) pour construire la fusée Saturne Vutilisée dans le programme Apollo. Et nous ne disposons plus de fusées avec unepuissance équivalente à celle de  cette dernière. La puissance de poussée de lafusée Falcon Heavy de Space X n’atteint que les 2/3 de celle de Saturne V. ElonMusk, le CEO de Space X, avait promis que son entreprise enverrait destouristes autour de la lune cette année, mais il semble que ces projets soienttombés à l’eau.

La NASA travaille sur un système de lancement spatial (SLS)plus puissant que Saturne V en termes de poussée. Mais il promet de coûter unefortune (plusieurs milliards de dollars) et il ne faut pas attendre lespremiers essais avant des années.

Un écosystème dédié

Toutefois, le concours de Google et X Prize a eu le mérite desusciter l’intérêt pour les voyages lunaires, et beaucoup de start-ups ont étéfondées dans ce contexte. Certaines d’entre elles l’ont été grâceaux 5,25 millions de dollars (environ 4,3 millions d’euros) que Google et X Prize ont versés lorsqu’elles ontatteint les premiers jalons de ce défi. Désormais, elles ne ciblent plus les 20millions de dollars de récompense globale, qui leur apparaissent maintenantcomme une somme dérisoire, et ont fait appel à des sociétés de capital-risque,ou se sont associées à des programmes spatiaux gouvernementaux. Plusieurs d’entreelles, notamment  Astrobotic, SpaceIL, et Moon Express, projettent lelancement de missions lunaires, certaines pour exploiter les ressources de laLune, d’autres pour offrir un service de livraison lunaire. Astrobotic, qui projetted’effectuer son premier lancement en 2020, a déjà 11 clients confirmés, et prèsd’une centaine de prospects intéressés.

Tout ceci a impulsé la création d’un écosystème d’autresstart-ups et instances gouvernementales qui gravitent autour d’elles etconstruisent la future chaîne d’approvisionnement lunaire : les imprimantes 3Dqui façonneront les véhicules, ou la collecte des données qui permettront d’établirla météorologie lunaire par exemple.

Cependant, les activités de ces entreprises privées suscitent encore lescepticisme auprès d’un public plus habitué aux initiatives gouvernementales.

La Lune pour objectif… politique, une fois de plus ?

Depuis le lancement de Google et X Prize, seulement 3 vaisseauxont atteint la Lune, et un seul d’entre eux s’est déplacé à sa surface. Dansson budget 2019, le président américain Donald Trump a prévu de soutenir unemission lunaire. Le président russe, Vladimir Poutine, a indiqué de son côtéson intention de lancer une mission sur la Lune et sur Mars. De même, l’AgenceSpatiale Européenne, ainsi que la Chine, l’Inde et le Japon, travaillent sur desprojets lunaires. La Chine envisage même de lancer une mission pour 2019.

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