Les roux doivent faire face à toutes sortes de préjugés au cours de leur existence, y compris aux légendes stupides telles que celle qui prétend qu’à leur mort, ils se transforment en vampires. La couleur rousse provient d’un gêne spécifique sur le chromosome 16. La pigmentation est définie par deux pigments chez l’être humain : l’eumélanine, qui donne la nuance brun-noir, et la phéomélanine, qui est un pigment jaune-rouge. Ces pigments interviennent dans la coloration des yeux, de la peau, des poils et des cheveux. Lorsque la phéomélanine est dominante, voire lorsqu’elle est le seul pigment présent, cela aboutit à une chevelure rousse. Les scientifiques ont identifié 5 variantes du gène MC1R qui mènent à la couleur rousse. Un autre gène, le HCL2, semble aussi jouer un rôle, mais on ne sait pas très bien encore comment.
Les roux sont rares : il ne représentent que 4% de la population aux Etats Unis et en Grande Bretagne, en Allemagne, ils tombent à 2%, et sont encore moins nombreux ailleurs. C’est en Ecosse, où ils représentent 14% de la population, qu’ils sont les plus nombreux, puis en Irlande, où on dénombre 10% de roux. Certains scientifiques pensent que compte tenu de la rareté du gène, les roux pourraient disparaître du monde en 2060.
Les roux ont plus de risque de développer un cancer de la peau. Mais ce n’est pas la seule spécificité de leur peau. Jeffrey Mogil, un chercheur de l’Université de McGill à Montreal, a montré que les roux avaient une sensibilité à la douleur ou au froid et à la chaleur différente des autres. De même, ils sont plus sensibles à certains types d’analgésiques mais moins sensibles à certains narcotiques, sans que l’on puisse l’expliquer.
Le professeur Lars Arendt-Nielsen de l’International Association for the Study of Pain,à l’université d’Aalborg au Danemark a mené une étude sur 20 femmes rousses, et 20 femmes blondes ou brunes. Lui et son équipe ont irrité la peau de ces femmes par des moyens mécaniques. Ils ont trouvé que les rousses étaient beaucoup moins sensibles à la douleur. Les roux sont en revanche plus sensibles à la peine causée par l’exposition au froid ou à la chaleur. Ces recherches étonnantes peuvent sembler farfelues mais elles sont en réalité essentielles pour soigner de façon adéquate les patients qui doivent subir une opération en fonction de leur pigmentation et de la sensibilité à la douleur qu’elle implique.
S’ils se rendent coupables de méfaits, les roux sont aussi plus facilement identifiables : la présence du gène M1CR permet à un test développé par Manfred Kayser de l’université Erasmus de Rotterdam pour la police scientifique de confirmer avec 100% de précision que le porteur du gène testé est roux, alors que la certitude n’est que de 90% pour les cheveux noirs, et de 80% pour les blonds ou les bruns.