Nouvelle semaine, nouvelle pénurie : cette fois, c’est de lait artificiel pour bébé dont manquent les États-Unis. A tel point que le président Joe Biden a du ressortir des cartons un arsenal juridique datant des années 1950 afin de confier l’approvisionnement à la Défense américaine.
Les jeunes parents américains se trouvent directement impactés par les précautions prises par un grand groupe industriel. Abbott Nutrition, l’une des filiales des laboratoires pharmaceutiques Abbott de Chicago, a été contrainte de rappeler ses aliments en poudre pour nourrissons en février dernier, après que quatre enfants aient été victimes d’une infection bactérienne après en avoir consommé, et qui fut fatale pour deux d’entre eux. Abbott Nutrition a depuis fait fermer son usine de Sturgis, dans le Michigan, d’où semble provenir l’infection.
Quatre producteurs se partagent les USA
Mais cette précaution a rompu la chaîne d’approvisionnement, alors que la production de lait en poudre des USA demeure nationale à 98% selon CNBC, mais reste surtout concentrée entre les mains de quatre grandes entreprises, Abbott, Mead Johnson Nutrition, Nestle USA et Perrigo. La mise hors jeu, même temporaire, d’une de ces marques a donc des conséquences fort tangibles pour le consommateur.
Joe Biden n’y est donc pas allé de main morte : il a activé la loi sur la production de défense (Defense Production Act), qui confère au président une large autorité pour exiger des entreprises qu’elles établissent des priorités dans la fabrication et l’affectation des biens en réponse à une crise. Cette loi a été adoptée en 1950 pendant la guerre de Corée, et permettait à la Maison Blanche de rediriger très vite ses ressources stratégiques et à bâtir une administration de mobilisation nationale – en temps de guerre, habituellement.
Les avions de la Défense en quête de lait en poudre
Biden a également demandé au ministère de la Santé et des Services sociaux et au ministère de l’Agriculture d’utiliser des avions du ministère de la Défense pour aller chercher à l’étranger des préparations pour nourrissons qui répondent aux normes de santé et de sécurité américaines.
Le ministère de la Justice, dans une plainte déposée lundi, a déclaré qu’Abbott avait introduit des préparations pour nourrissons frelatées sur le marché de consommation. Abbott maintient qu’il n’y a « aucune preuve concluante » que sa formule a causé la maladie et le décès des nourrissons.
Abbott a conclu lundi un accord avec la Food and Drug Administration pour rouvrir l’usine sous réserve de l’application des conditions fixées par un tribunal fédéral. Ces conditions comprennent l’embauche d’experts indépendants pour s’assurer que l’usine respecte les normes américaines de sécurité alimentaire.