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Pierre-Yves Dermagne (PS) durcit le ton face à l’industrie alimentaire : un blocage des prix dans les supermarchés est sur la table

Pierre-Yves Dermagne (PS) durcit le ton face à l’industrie alimentaire : un blocage des prix dans les supermarchés est sur la table
Pierre-Yves Dermagne – NICOLAS MAETERLINCK / BELGA MAG / Belga via AFP/Getty Images

Mi-juin, le ministre de l’Économie et de l’Emploi appelait l’industrie alimentaire (la Fevia) à corriger ses prix, face à la baisse des prix des matières premières et des prix de l’énergie. Un mois plus tard, Dermagne a été peu entendu.

Dans l’actu : Pierre-Yves Dermagne est prêt à aller jusqu’au blocage des prix.

  • Il y a un mois, interrogé à la Chambre par rapport à la capacité du gouvernement français à imposer au secteur alimentaire une correction des prix, Dermagne lançait une première salve : « Il ne peut pas y avoir de profiteurs de crise, s’agissant ici de produits de première nécessité. Chaque maillon de la chaîne a une part de responsabilité. Je pense aux grandes entreprises et à la grande distribution : ces grands groupes ont une capacité de négociation pour que les prix baissent rapidement. »
  • Mardi, un accord a été trouvé par la Fevia, la Fédération de l’industrie alimentaire belge. Mais il s’agissait plutôt d’un appel à ce « que chaque acteur de la chaîne alimentaire accorde une attention particulière à la problématique de l’inflation alimentaire ».
  • Dans les faits, la Fevia énumère plutôt point par point pourquoi baisser les prix n’est pas chose aisée. La Fédération explique qu’avec l’indexation, les contrats à long terme fixés avec les fournisseurs et les nouveaux contrats d’énergie variables, « il n’est pas exact de dire que les coûts pour les entreprises de la chaîne agroalimentaire diminuent globalement », même si les « conditions évoluent dans la bonne direction ».
  • Le sang du ministre n’a fait qu’un tour :
    • « Je déplore la mollesse du message répercuté par Fevia », a déploré Pierre-Yves Dermagne par communiqué.
    • « J’attendais des acteurs du secteur qu’ils s’accordent pour anticiper la renégociation des prix fixés en magasin, négociation qui a lieu chaque année. Les prix de nombreuses matières premières (céréales, lait, huiles végétales, …) sont effectivement à la baisse au niveau mondial. Il en va de même pour le prix de l’énergie. Mais cette baisse n’est toujours pas totalement répercutée sur les prix payés par le consommateur belge. »
    • Le ministre de l’Emploi ne supporte pas non plus que la Fevia critique l’indexation automatique des salaires : « On sait aujourd’hui que l’indexation automatique des salaires est l’un des principaux mécanismes qui permet au consommateur de limiter la perte de son pouvoir d’achat. Il est incroyable d’entendre dire que ce mécanisme mettrait à mal la bonne santé de l’industrie alimentaire, alors même que cette industrie dépend précisément du pouvoir d’achat des consommateurs ! »
  • Le socialiste passe donc à l’offensive et active plusieurs outils : le ministre va lancer un monitoring mensuel des denrées alimentaires qui lui sera fourni par l’Observatoire des prix. Ce monitoring permettra de repérer la différence de prix dans les supermarchés entre la Belgique et les pays voisins. Il n’est jamais trop tard.
    • « Les différences flagrantes de prix seront automatiquement renvoyées à l’Autorité belge de la concurrence », qui pourra alors mener son enquête et in fine bloquer les prix, explique Dermagne.
  • Deux études de l’Observatoire des prix ont également été commandées pour connaitre l’évolution des marges du secteur alimentaire, mais également comprendre pourquoi les prix diffèrent tellement entre la Belgique et ses voisins, afin de pouvoir corriger d’éventuelles failles.
  • Le socialiste conclut sa réaction par une proposition de loi qui a déjà été déposée au Parlement, et qui vise à lui donner la capacité de fixer un prix maximum ou de bloquer les prix en cas d’évolution anormale. Mais aucune majorité ne s’est dégagée pour donner au ministre de l’Économie une telle prérogative.

L’essentiel : l’inflation alimentaire diminue trop légèrement.

  • Les prix des céréales, des produits laitiers et de l’huile végétale sont tous en baisse sur le marché international, rapporte Test-Achats cette semaine.
    • Les prix des huiles végétales sont en baisse depuis plus d’un an. Pour les produits laitiers et les céréales, on parle de près d’un an et de 6 mois. Des laps de temps qui auraient dû entrainer une réduction significative des prix en magasin, dénonce l’association des consommateurs.
  • Pourtant, l’inflation alimentaire qui était des 20% durant les premiers mois de l’année s’est établie à 17% en juin, en glissement annuel. Soit une légère baisse de 1,3% par rapport à mai.
  • Rappelons que tout le monde est perdant dans ce dossier : récemment, la fédération du commerce Comeos a fait une étude qui montre que les Belges font massivement leurs courses en France et aux Pays-Bas : sur base annuelle, cela représenterait un manque à gagner de 1,6 milliard d’euros.
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