Vers un monde qui croule sous le pétrole et un effondrement du prix du baril en 2024 ?

Le cours du pétrole est l’un des indicateurs les plus importants de la santé économique du monde. Or, après une année de crainte de disette énergétique suite à la mise au ban des nations de la Russie par les Occidentaux, on a craint un nouveau choc pétrolier. C’est tout l’inverse qui s’est passé : les pays producteurs se démènent pour maintenir des prix élevés. Or, il se peut qu’ils n’y parviennent plus, durant l’année à venir.

Un monde qui croule sous trop de pétrole ?

Ou plutôt sous trop de capacité excédentaire de pétrole. C’est une estimation du volume de production de pétrole qui peut être mis en ligne rapidement et maintenu pendant au moins trois mois par les producteurs, par exemple pour faire face à un pic de la demande.

  • Or, les pays producteurs réunis au sein de l’OPEP ont multiplié cette année les baisses de production. Cela permet généralement de faire monter les prix en réduisant l’offre, une manœuvre économique classique -et qui suscite à chaque fois l’ire des pays consommateurs, les USA en tête.
  • C’était aussi, de la part de l’Arabie saoudite, une marque de soutien plus ou moins tacite avec la Russie. Moscou est en effet membre de l’OPEP+ (l’association des producteurs non membres de l’OPEP), et en proie aux tentatives du G7 et de l’UE de réduire ses revenus pétroliers par un système de plafond du prix.
  • Sauf que ça ne fonctionne plus, car d’autres mécanismes entrent en jeu dans les cours du pétrole. Comme la politique monétaire restrictive de la banque centrale américaine, qui empêche les prix du pétrole de décoller.
  • Mais aussi cette fameuse capacité excédentaire. Selon une note publiée par Citi, dans neuf années sur 10 étudiées où la capacité excédentaire excédait les trois millions de barils par jour, le prix de l’or noir dégringolait, et les actions pétrolières avec. Or, les analystes prévoient 4 millions de barils par jour en 2024.

L’OPEP+ prise à son propre jeu

Les pays pétroliers se retrouvent en fait coincés par leurs propres actions. Ils baissent leur production pour que monte artificiellement le prix d’un pétrole déjà concurrencé par les énergies renouvelables. Mais ils jouent de leurs lobbies aussi pour stimuler les investissements dans la filière de l’or noir, qui selon eux peut et doit encore grandir pour approvisionner la planète en énergie.

Sauf qu’en travaillant sous leurs capacités réelles de production, ils sapent cet argument. C’est cette fameuse capacité excédentaire : les producteurs pourraient en fait produire bien plus en cas de besoin, sans investissements supplémentaires, et tout le monde le sait. « La construction d’une capacité excédentaire engendre à la fois une déflation des prix des matières premières et des actifs » résume Citi.

« L’OPEP+ continuera probablement à agir pour limiter l’ampleur de la déflation des prix, mais se trouve dans un cercle vicieux de sacrifice de parts de marché pour défendre un prix qui, comme le montre l’augmentation de l’offre, est encore supérieur aux coûts marginaux. »

Citi, entreprise financière majeure basée à New York

Un prix du baril à 70 dollars ?

  • Le prix du baril de Brent est remonté à 81 dollars, après les attaques de drones dans le détroit de Bab-el-Mandeb. Or, les mois les plus froids arrivent à peine, ce qui devrait stimuler la hausse.
  • Mais le prix pourrait tourner autour des 70 dollars seulement d’ici la fin 2024, estiment les analystes. C’est particulièrement bas. Pour rappel, le baril de pétrole avait atteint les 100 dollars en septembre dernier.
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