Pas moins de 1239 médicaments seraient actuellement indisponibles dans notre pays, indique Febelco, soit près de 15 % des références, une réalité plus grave que les chiffres officiels publiés par l’Agence fédérale des médicaments.
Dans l’actu : À en croire les chiffres publiés sur le site de PharmaStatut, une initiative de l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS), 360 médicaments seraient indisponibles dans notre pays depuis 30 jours.
- Or, selon Febelco, le plus important distributeur de notre pays, ces chiffres seraient en réalité trois fois plus élevés.
- « Il ne s’agit que des produits que l’industrie a notifiés comme rares au cours des 30 derniers jours », explique Olivier Delaere, administrateur délégué de Febelco, dans les journaux du nord du pays Het Nieuwsblad et De Standaard. « Si l’on prend également en compte les médicaments qui sont en pénurie depuis un certain temps, on arrive à 1239. »
- « Concrètement, cela signifie que près de 15 % des références sont indisponibles, temporairement ou non », précise-t-il.
Pourquoi ? « Trop souvent, des motifs purement commerciaux entrent en jeu », explique encore Olivier Delaere.
- « Les médicaments dont le rendement est trop faible sont de plus en plus fréquemment mis à la trappe. C’est ce qu’a montré une grande étude commandée par l’UE à la fin de l’année 2021″, indique-t-il.
- « De plus, le fait que chaque État membre négocie les prix séparément conduit les entreprises pharmaceutiques à donner la priorité aux grands pays qui ont plus de patients et de meilleurs prix, ce qui crée ensuite une pénurie artificielle chez nous« , dans les pharmacies belges.
- La porte-parole de l’AFMPS nuance toutefois cette crise : « Depuis l’introduction de PharmaStatut en 2019, on constate que les pénuries dans notre pays ont légèrement diminué : elles sont aujourd’hui d’environ 3,5 %, alors qu’elles étaient autrefois de 5 % », affirme Ann Eeckhout.
- « Pour la majorité de ces médicaments indisponibles, il existe des alternatives sur le marché, ou les pharmaciens peuvent fabriquer des médicaments composés. Ce n’est peut-être pas toujours idéal pour le patient, mais cela offre une solution. »
- Fin janvier, le gouvernement a également publié un arrêté royal pour limiter temporairement les exportations de médicaments essentiels si leur indisponibilité a de lourdes conséquences sur la santé.
- Mais dans une lettre ouverte publiée quelque temps plus tard et adressée au ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, Febelco dit être « surpris que l’arrêté royal soit considéré comme la solution miracle ». « À nos yeux, PharmaStatut ne permet pas de se forger une idée précise de l’indisponibilité des médicaments (…) La situation actuelle est grave et nous n’en sortirons pas sans décisions gouvernementales éclairées. Nous avons besoin d’autres réponses. »
Il y a plus : Cette pénurie de médicaments ne touche pas uniquement la Belgique, mais aussi d’autres pays européens.
- Selon une étude du Groupement pharmaceutique de l’Union européenne menée entre le 14 novembre et le 31 décembre, en 2022, la situation s’est aggravée (75,86%) dans 22 des 29 pays ayant répondu par rapport aux 12 mois précédents, et est restée la même dans 7 pays (24,14%).
- Alors qu’en 2021, seuls 7 des 27 pays ayant répondu avaient indiqué que la situation s’était aggravée (25,93%), tandis qu’elle est restée la même dans 14 pays (51,85%), et s’est améliorée dans 6 pays (22,22%).
- Fin janvier, le Groupement tirait encore la sonnette d’alarme et demandait des mesures urgentes de la part des décideurs politiques européens et nationaux pour s’attaquer efficacement au problème.
- « Il est crucial de fournir davantage de ressources à l’Agence européenne des médicaments (EMA) pour qu’elle développe des activités de prévention et de gestion des pénuries en coordination avec les États membres », écrivait le groupe.
- Ce dernier appelle également à développer des mécanismes de redistribution équitable des médicaments disponibles sur le marché européen aux patients qui en ont le plus besoin, quel que soit le pays de l’UE où ils vivent.