La guerre entre l’Ukraine et la Russie a déjà un impact non négligeable sur le prix des denrées alimentaires, ces deux pays étant de grands exportateurs de céréales et d’huile de tournesol. Mais cette crise agricole pourrait bien s’étendre au-delà des frontières des belligérants, car la Russie, frappée de nombreuses sanctions économiques, est aussi un grand producteur d’engrais.
Le prix du blé flambe, alors que deux des plus grands producteurs mondiaux se font la guerre. Mais l’agriculture risque d’être aussi mise à mal dans d’autres pays d’Europe, dont la France, s’alarme BFM Business. Car la Russie, frappée par les sanctions économiques, est aussi un grand producteur des engrais nécessaires aux récoltes hexagonales, mais aussi de potasse – la Russie et la Biélorussie produisent 40% de l’offre mondiale.
Crise en vue pour la récolte de 2023
Outre l’engrais brut, la Russie produit aussi pas moins de 12,5% de l’urée nécessaire à la confection de fertilisants en France, selon des données du cabinet Agritel. Et ce, sans parler du gaz naturel, essentiel aussi au bon fonctionnement des industries. Moscou a récemment recommandé aux producteurs d’engrais russes de suspendre temporairement leurs exportations, et celles-ci pourraient de toute manière être pénalisées par les mesures visant le secteur financier et logistique, s’ajoutant encore aux difficultés d’approvisionnement liées à la crise sanitaire ; les prix des engrais étant déjà à la hausse depuis l’été dernier.
La situation fait craindre une catastrophe pour la récolte française de 2023 : « Il faut que l’on trouve des solutions à court terme si l’on veut avoir les engrais nécessaires pour la prochaine campagne. Il va falloir être créatif », avance Florence Nys, déléguée générale de l’Union des industries de la fertilisation (Unifa), qui rassemble les industriels français du secteur.
Des solutions simples à trouver, mais complexes à entreprendre
Les solutions sont simples, mais difficiles à mettre en œuvre : la France doit entièrement revoir son approvisionnement d’engrais et se tourner vers d’autres fournisseurs, tout en utilisant ses propres ressources. L’ouest du pays ne manque en effet pas d’engrais d’origine animale, issu majoritairement des élevages de porcs. Celui-ci pourrait en outre être utilisé pour produire du méthane, à condition que les investissements suivent pour consolider une nouvelle infrastructure.
Une autre solution, à plus long terme que l’horizon 2023, consisterait à rénover l’agriculture pour la réorienter vers des plantes moins gourmandes en méthane d’épandage, mais aussi de parier sur la génétique et les biotechnologies pour réduire la dépendance aux engrais. La Commission européenne a entrouvert la porte à une autorisation des expérimentations en ce sens, mais celles-ci ne font pas l’unanimité.