PDG d’AstraZeneca : l’Europe risque de perdre sa capacité de production de médicaments innovants


Principaux renseignements

  • Les grandes entreprises pharmaceutiques délaissent l’Europe au profit des États-Unis et de la Chine en raison de politiques favorables et d’une concurrence croissante.
  • Le fait que l’Europe se concentre à court terme sur le coût des médicaments plutôt que sur leur valeur en tant que moteur économique contribue à une perte de contrôle de sa chaîne d’approvisionnement en médicaments, selon la PDG d’AstraZeneca, Pascal Soriot.
  • Sans mesures proactives pour attirer les investissements et favoriser l’innovation, l’Europe risque de perdre sa capacité à fabriquer des médicaments innovants.

Pascal Soriot, PDG d’AstraZeneca, exprime de vives inquiétudes quant à l’avenir de l’industrie pharmaceutique en Europe. Cela rapporte Le Monde. Il prédit que d’ici 15 ans, la capacité de l’Europe à fabriquer des médicaments innovants diminuera considérablement, ne devenant que l’ombre d’elle-même.

Les entreprises se déplacent vers les États-Unis et la Chine

Soriot attribue ce déclin à une confluence de facteurs. Tout d’abord, les politiques menées par l’administration Trump ont poussé les grandes entreprises pharmaceutiques à investir massivement aux États-Unis pour éviter les taxes élevées sur leurs produits. Cette tendance est encore exacerbée par l’émergence de la Chine en tant que concurrent redoutable dans le domaine des médicaments innovants.

Historiquement, l’Europe était à la pointe de l’innovation pharmaceutique. Toutefois, Soriot observe qu’au cours des deux dernières décennies, les États-Unis sont devenus le principal centre de développement de médicaments révolutionnaires. Si la Chine s’est d’abord concentrée sur les médicaments génériques, elle a consacré d’importantes ressources aux nouvelles technologies, rattrapant rapidement son retard sur l’Occident.

« Politique à courte vue »

Soriot critique la tendance de l’Europe à considérer les médicaments uniquement comme une charge financière au lieu de reconnaître leur valeur en tant que moteurs de la croissance économique grâce aux investissements dans la recherche et le développement, à la fabrication et aux possibilités d’emploi pour les professionnels de la santé. Cette vision à court terme a conduit l’Europe à perdre le contrôle de sa chaîne d’approvisionnement en médicaments génériques et innovants, la production étant de plus en plus concentrée dans des pays comme l’Inde et la Chine.

L’évolution vers des technologies de pointe nécessaires au développement de médicaments de nouvelle génération, tels que les thérapies cellulaires et les conjugués anticorps médicaments, aggrave encore la situation de l’Europe. Ces traitements de pointe nécessitent des installations de fabrication spécialisées qui s’implantent de plus en plus aux États-Unis et en Chine, laissant l’Europe à la traîne.

Besoin de mesures proactives

Soriot souligne la nécessité de prendre des mesures proactives pour attirer les investissements dans les technologies futures et encourager l’innovation dans le secteur pharmaceutique. Il critique la tendance à s’attarder sur des débats dépassés, citant la préoccupation de la France pour le paracétamol comme un exemple de priorités mal placées.

Prix des médicaments

Soriot aborde également les préoccupations relatives aux prix des médicaments. Tout en reconnaissant la rentabilité de l’industrie pharmaceutique, il souligne que ce succès a un coût élevé. Le développement de nouveaux médicaments implique des risques financiers considérables, des milliards étant souvent investis dans la recherche et les essais cliniques qui peuvent finalement échouer.

Soriot reconnaît que les budgets des soins de santé sont mis à rude épreuve, mais il affirme que des ajustements de prix sont nécessaires pour garantir la viabilité et la compétitivité de l’industrie pharmaceutique européenne. Il rejette les accusations de gonflement des prix, qu’il qualifie de signal d’alarme vital pour l’avenir précaire de l’industrie. En outre, il s’attend à des pressions de la part des États-Unis en raison de la clause de la « nation la plus favorisée », qui éliminera la possibilité de vendre de nouveaux médicaments à des prix plus bas en Europe qu’aux États-Unis. (jv)

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