Un pays de l’OTAN fournit-il des munitions au groupe Wagner ?

L’organisation paramilitaire russe Wagner Group, qui combat aux côtés de l’armée régulière, est confrontée à de graves pénuries de munitions. L’afflux en provenance de l’armée russe s’étant pratiquement tari, Wagner se tourne vers l’étranger pour s’approvisionner. Par exemple, vers la Turquie, pourtant membre de l’OTAN.

Pourquoi est-ce important ?

Le groupe Wagner joue un rôle important dans l'invasion de l'Ukraine. Auparavant, l'armée privée était principalement déployée dans des zones d'outre-mer, telles que la Syrie ou le Mali, auxquelles la Russie ne voulait pas être directement associée. Aujourd'hui, les mercenaires sont utilisés comme chair à canon autour de la ville ukrainienne de Bakhmut. Les vétérans des forces armées russes ont été complétés par de nouvelles recrues et des prisonniers, entre autres, ce qui n'enlève rien au statut d'élite de l'unité.

Dans l’actualité : Toujours selon des documents américains ayant fait l’objet d’une fuite, le groupe Wagner a frappé à la porte de la Turquie pour l’achat de munitions.

  • Selon les informations contenues dans le mémo, une réunion a eu lieu en février entre certains membres importants de l’armée privée et des « contacts turcs » rapporte CNN. On ne sait pas davantage qui étaient ces contacts : il pourrait s’agir de représentants du gouvernement turc, ou d’entreprises de défense. On ne sait pas non plus si le gouvernement était au courant de ces rencontres.
  • Le document, intitulé « Mali, Russie, Turquie : Wagner cherche des armes auprès d’Ankara », donne quelques détails sur ces tentatives d’achat d’armes et de munitions. Le groupe Wagner souhaiterait utiliser du matériel de guerre turc dans sa guerre en Ukraine, mais aussi au Mali. Le groupe y est très actif et sa présence a même contribué à décider l’Occident à retirer ses propres forces.
  • Par ailleurs, le document indique également que la milice poursuit sa campagne de recrutement dans les prisons russes. Cela contredit une communication antérieure du chef de l’unité lui-même, Evgueni Prigojine, qui avait annoncé l’arrêt du recrutement.

Sous-entendu : bien que la Turquie fasse partie de l’OTAN, elle refuse toujours de se montrer trop dure à l’égard de la Russie.

Le gouvernement turc a condamné l’invasion de l’Ukraine et a livré du matériel à Kiev : entre autres, 200 véhicules blindés turcs BMC Kirpi et plus de 30 drones Bayraktar TB2. Parallèlement, Ankara entretient toujours des relations diplomatiques avec la Russie, les ministres des Affaires étrangères prenant régulièrement le café ensemble.

  • Cette dualité pourrait s’avérer utile dans le cadre du conflit. Par exemple, la Turquie a déjà joué un rôle de médiateur dans le cadre du libre passage des céréales des ports ukrainiens vers le reste du monde, via la mer Noire. La Russie avait bloqué ces ports avec des navires de guerre et des mines marines. La Turquie, en collaboration avec les Nations unies, a réuni les deux parties autour d’une table et a obtenu une avancée ; la Turquie elle-même, avec des observateurs ukrainiens et russes, surveille la mise en œuvre de l’accord sur les céréales.
  • Dans l’avenir, la Turquie peut utiliser sa position relativement neutre pour trouver une solution au conflit. En tant que médiateur, elle pourrait notamment contribuer à protéger les infrastructures essentielles en Ukraine, telles que la centrale nucléaire de Zaporijia. Des voix s’élèvent depuis longtemps pour faire de cette centrale une zone démilitarisée, une solution qui devrait être mise en œuvre par des parties extérieures (comme la Turquie ou l’Inde, par exemple).

MB

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