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Les Pays-Bas refusent d’obéir aveuglément aux USA et de rompre leurs liens avec la Chine: « L’Europe doit avoir sa propre stratégie »

Les Pays-Bas refusent d’obéir aveuglément aux USA et de rompre leurs liens avec la Chine: « L’Europe doit avoir sa propre stratégie »
Micky Adriaansens, Minister of Economic Affairs arrives to the Binnenhof for the weekly Council of Ministers in The Hague on February 4, 2022. – Netherlands OUT (Photo by Bart Maat / ANP / AFP) / Netherlands OUT (Photo by BART MAAT/ANP/AFP via Getty Images)

Dans une interview accordée au Financial Times, la ministre néerlandaise de l’Économie a fait preuve de fermeté à l’égard des avertissements américains. Ce n’est pas à Washington de dicter la politique économique et internationale de la Haye.

Pourquoi est-ce important ?

La guerre en Ukraine a mis en lumière les risques liés à se rendre dépendant d'un pays au régime autoritaire. L'Europe en fait aujourd'hui les frais sur le plan énergétique. Dans de nombreux autres secteurs, notamment celui des technologies, le Vieux Continent est aussi très lié à la Chine. Les États-Unis veulent rompre ces relations. Reste à voir s'ils obtiendront ce qu'ils souhaitent.

Dans l’actu : la ministre néerlandaise de l’Économie ne suivra pas aveuglément les conseils américains.

  • Interrogée par le Financial Times, Micky Adriaansens a rappelé que les liens commerciaux entre les Pays-bas et la Chine étaient « très positifs ».
  • « En général, aux Pays-Bas, nous sommes très positifs et nous l’avons toujours été quant aux bonnes relations avec la Chine. Nous faisons beaucoup d’affaires avec la Chine. De nombreuses entreprises néerlandaises y travaillent », a-t-elle souligné.

Contexte : les USA prient les Pays-Bas de s’allier à eux.

  • Lors de cette interview, Adriaansens était interrogée sur un sujet bien particulier : la livraison à la Chine d’équipements nécessaires à la fabrication de semi-conducteurs.
  • Les États-Unis craignent que ces livraisons permettent à la Chine de se doter de puces avancées, susceptibles d’être utilisées à des fins militaires.
  • Les Pays-Bas abritent justement deux grandes entreprises fabriquant des équipements pour semi-conducteurs, ASML et ASM International.
  • Les USA veulent parvenir à un accord tripartite avec les Pays-Bas et le Japon – un autre acteur important du secteur – pour que, ensemble, ils fassent le nécessaire pour diminuer les capacités de la Chine à fabriquer des puces.

« Ne soyons pas naïfs »

Zoom avant : La Haye ne veut pas se précipiter.

  • Adriaansens a refusé d’indiquer si les Pays-Bas accepteraient la proposition des États-Unis. La question fera l’objet d’un examen minutieux.
    • Il faut dire que se lancer dans une telle initiative causerait forcément du tort à ses deux fleurons des équipements à puces. Et ternirait les relations commerciales sino-néerlandaises.
    • Toutefois, les Pays-Bas ne souhaitent pas devenir un allié de la Chine dans ses avancées militaires.
  • « Les Pays-Bas et l’Europe doivent avoir leur propre stratégie », a expliqué la ministre néerlandaise. Dans le même temps, ils doivent être conscients des risques concernant les « technologies spécifiques ». « Il ne faut pas en faire trop, mais d’un autre côté, il ne faut pas non plus que les portes soient déverrouillées lorsque la sécurité est la première préoccupation – c’est une question d’équilibre. »
  • Dans le même temps, Adriaansens se dit que, de toute façon, la Chine n’aura peut-être pas besoin des Pays-Bas pour avancer là où elle a envie d’aller. « Le cycle de développement est très rapide en Chine. Nous ne devons pas être naïfs », a-t-elle noté.

Zoom arrière : l’IRA ne plaît pas aux Pays-Bas.

  • Depuis quelques semaines, un nombre grandissant de pays européens sortent du boiset font part de leurs craintes – et de leurs déceptions – relatives à l’Inflation Reduction Act (IRA).
  • Adoptée l’été dernier aux États-Unis, cette loi entrera en vigueur dans un mois. Elle comporte toute une série de mesures de nature protectionniste, notamment dans le cadre de la transition écologique.
  • Les pays européens y voient un fameux « coup de poignard » de la part de l’administration Biden. En favorisant grandement les entreprises américaines, l’IRA affaiblit les européennes.
  • Adriaansens n’a pas manqué d’indiquer qu’il s’agissait d’un autre facteur à prendre en compte dans la perspective d’un accord avec les USA sur la livraison aux fabricants de puces chinois.
  • Notant que l’IRA aurait un impact sur l’économie néerlandaise et européenne, elle a appelé à ce que tout le bloc occidental bénéficie de conditions de concurrence équitables et d’un « même ensemble de règles ».
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