Bart De Wever a rencontré Paul Magnette samedi soir. Ce dernier ne réfute pas un rôle de premier ministre. David Clarinval clame ‘l’arc-en-ciel ou les élections’, puis se fait recadrer par le MR. Bilan d’un week-end riche en communication politique.
Où en est-on exactement ? Les chrétiens démocrates flamands et les libéraux francophones se servent des informateurs Joachim Coens (CD&V) et Georges-Louis Bouchez (MR) pour se livrer à un exercice bien différent de celui de leur prédécesseur socialiste, Paul Magnette. Ils travaillent d’arrache-pied pour accorder encore une chance à la bourguignonne.
Les détails. Les deux informateurs et leur cabinet ne sont pas restés à rien faire ce week-end.
- Samedi soir : ils ont réuni autour de la table les socialistes Paul Magnette et Jean-Claude Marcourt avec les ténors de la N-VA Bart De Wever, Théo Francken et Lorin Parys.
- D’autres réunions entre PS et N-VA sont à l’agenda. C’est surtout le CD&V qui avait investi pour ne pas lâcher la N&VA. Une stratégie qui s’avère payant : les lignes restent ouvertes.
- La ‘Note Magnette’ ne servira pas de base aux discussions. Tous les partis, à l’exception du PS et des verts y voient un ‘manifeste électoral du PS’, selon un négociateur.
- Le MR a dû corriger son ministre fédéral David Clarinval. Ce dernier déclarait dans La Libre Belgique qu’il ne restait que deux solutions : l’arc-en-ciel ou les élections. Par voie de communiqué, le parti et le ministre des finances ont corrigé le tir, signalant que d’autres solutions existaient encore.
- PS et N-VA ont occupé les médias toute la journée de dimanche. Ce qui n’était pas au goût des informateurs : ‘La recherche d’un résultat fort est plus importante, pour notre pays, qu’un spectacle de communication’. Ils ont rappelé leur méthode, basée sur la discrétion des réunions.
Entre les lignes : les interviews du PS et de la N-VA n’étaient pas sans intérêt.
Côté PS, il fallait retenir :
- La réponse de Paul Magnette sur le plateau de RTL. À la question de savoir s’il se voyait premier ministre de la bourguignonne, le président des socialistes a répondu ‘Peut-être’. Entrouvrant la porte (et y glissant son pied).
- Il a qualifié Bart De Wever de ‘très hésitant’. ‘Il lui a fallu des mois pour former une coalition à Anvers. Il a parlé au Vlaams-Belang pendant des semaines et des semaines. Aujourd’hui, nous constatons qu’il ne veut pas prendre ses responsabilités. Il n’ose pas dire non plus « Je ne veux pas en parler », mais c’est la vérité. Il ne veut pas de compromis.’
- Toujours au rayon bataille de com’ : ‘Je m’attendais à des excuses, après de telles paroles. Mais elles sont pas venues. Imaginez que j’aie dit un quart de ce qu’a dit De Wever, toute la Flandre aurait trouvé cela scandaleux. Depuis des années, ils tentent d’humilier les Wallons et les Bruxellois. (…) C’est le parti qui veut la fin de la Belgique, la fin de la sécurité sociale.’
- En même temps, Paul Magnette a minimisé les rencontres avec les nationalistes : ‘Je vais à toutes les réunions auxquelles on m’invite, je ne refuse rien’.
Panorama général. La bourguignonne renaît de ses cendres. La question est désormais de savoir si cela est vraiment crédible, après les échanges de ce week-end. La confiance n’est pas vraiment établie. Entre les escarmouches, on pouvait déceler des petites lueurs, des signaux, qui montrent que PS et N-VA ne s’excluent pas tout à fait.
La grande question. La note Magnette reste un gros problème. Bien que tous veulent écarter ce document de la table et qu’il ne puisse donc servir de base aux discussions, on sait maintenant ce que le PS veut. Sur le plan socio-économique, on est aux antipodes des projets de la N-VA. Un compromis apparaît compliqué. MR et CD&V ne diront pas le contraire. Cependant, l’alternative n’est pas appétissante pour les deux partis des informateurs : l’arc-en-ciel reste très à gauche et aucun des deux partis n’a vraiment à y gagner.
En coulisses, difficile pour la N-VA et l’Open VLD de rester au top. ‘Il n’y aura jamais de bourguignonne’ rapportait un ténor libéral. C’est clair dans la tête de beaucoup des membres de l’Open VLD. Il existe pourtant une ligne de faille : pour chaque défenseur de la bourguignonne, on en trouve un de l’arc-en-ciel.
Le résumé. Tandis que beaucoup voient deux présidents inexpérimentés à la tête du CD&V et du MR, il pourrait s’agir d’une tentative tout à fait sérieuse d’accorder une chance à la bourguignonne. Est-ce possible ? Ça prendra en tout cas beaucoup de temps. Personne ne parierait que les deux partis passeront le relais le 20 décembre.