La semaine dernière, la France a lancé la formation d’une « alliance nucléaire » de 11 pays européens. La Belgique ? Pas invitée. C’est du moins ce qu’avance la ministre belge de l’Énergie, Tinne Van der Straeten. Une version remise en cause par plusieurs membres du gouvernement. Avec le nucléaire, la polémique n’est jamais très loin dans notre pays. Mais le Premier ministre a repris le dossier en main.
Dans l’actu : le nucléaire s’est invité dans un kern spécial ce lundi.
- En est ressorti une certaine cacophonie autour des deux hivers où le risque d’approvisionnement est menacé. Finalement, il a été décidé de laisser les deux options ouvertes, à savoir la mise à niveau de Doel 4 et de Tihange 3 pendant les travaux de maintenance habituels, et la prolongation pour quelques années des plus vieux réacteurs, Doel 1 & 2 et Tihange 1. Elia et Engie ont été appelés à étudier ces deux options, même si Engie a déjà rejeté la 2e et que l’AFCN, l’agence fédérale du contrôle nucléaire, a clairement montré sa préférence pour la 1ère.
- Mais un autre sujet s’est aussi invité à la table d’Alexander De Croo (Open VLD) et de ses vice-premiers ministres : la non-participation de la Belgique à l’alliance nucléaire européenne initiée par la France.
- La rue de la Loi s’est très vite posée beaucoup de questions : pourquoi la Belgique n’a-t-elle pas fait partie des discussions ? La réponse de Tinne Van der Straeten a été laconique : la Belgique « n’as pas reçu d’invitation formelle ».
- Au sein de la Vivaldi, certains soupçonnent la ministre de l’Énergie de ne pas avoir donné suite aux premiers contacts diplomatiques, ce qui a débouché sur une non-invitation.
- D’autres affirment que nous ne faisons pas partie de l’initiative, tout simplement parce que cela fait 20 ans que l’on patauge avec la sortie du nucléaire, et que jusqu’à preuve du contraire, la Belgique n’a pas modifié la loi de 2003 qui encadre cette sortie. À ce sujet, Engie et la Belgique doivent toujours conclure un accord définitif sur la prolongation pour 10 ans des deux réacteurs les plus récents.
- La Libre apprend toutefois que le Premier ministre reprend le dossier en main et prendra des contacts diplomatiques pour que la Belgique dispose du statut d’observateur au sein de l’alliance. Une fois qu’on y verra plus clair sur notre politique nucléaire, en ce compris le développement de nouveaux réacteurs SMR, il n’est pas exclu que l’on fasse même partie intégrante du club européen, comprend-on.
Le contexte : pourquoi un telle alliance ?
- La France forme avec 10 autres États européens une « alliance » européenne autour du nucléaire. On y retrouve la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, la Hongrie, la Finlande, les Pays-Bas, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et la Pologne.
- Concrètement, ce club vise à promouvoir « les nouveaux projets nucléaires » basés sur « des technologies innovantes » et sur « l’exploitation des centrales existantes ».
- La coopération scientifique y est promue, tout comme le déploiement de meilleures pratiques dans la sécurité. L’Italie et la Suède pourraient être amenées à rejoindre le club, contrairement à l’Allemagne, le Luxembourg et l’Autriche qui s’y sont fortement opposés.
- Dans les coulisses européennes se jouent actuellement des négociations cruciales autour de la place de l’hydrogène produit à partir d’énergie nucléaire. Mi-février, la Commission a décidé que cet hydrogène pouvait être considéré comme « vert », une première grande victoire pour les pro-nucléaires en Europe, qui pourront ainsi augmenter leurs quotas d’énergies vertes.