Le fonds souverain norvégien, le plus grand du monde, s’apprête à changer de dirigeant. Mais alors que la succession semblait actée, un scandale est venu tout remettre en cause. Les autorités ont tiré sur le fil, et c’est toute la pelote qui est venue avec.
Fin 2019, l’actuel dirigeant du fonds souverain norvégien, Yngve Slyngstad, s’est rendu à un séminaire. Un voyage, incluant hôtel de luxe et jet privé, en partie payé par son futur successeur, Nicolai Tangen. Des révélations qui ont fait scandale dans l’opinion publique. Si la banque centrale a estimé qu’il n’y avait pas là de violation des règles éthiques, l’institution a néanmoins convenu que celles-ci devaient être clarifiées.
Dans la foulée, le conseil de supervision de la banque centrale, nommé par le Parlement de Norvège, s’est penché avec plus d’attention sur la candidature de Nicolai Tangen. Comme le relate Les Echos sur leur site, le conseil n’a pas vraiment été satisfait par les réponses apportées par la banque centrale. L’organe de contrôle a déploré un manque de transparence et une certaine légèreté dans le processus de sélection, allant jusqu’à avancer que Nicolai Tangen a pu bénéficier de passe-droits, voire de mansuétude, concernant sa candidature.
Hedge fund et paradis fiscaux
Ainsi, Nicolai Tangen n’a par exemple pas fait l’objet d’une enquête approfondie concernant sa considérable fortune, estimée à près de 570 millions d’euros, affirme le journal Dagens Naeringsliv. Les participations du hedge fund qu’il a fondé et dirigé, AKo capital, non plus, alors qu’il semble lié à des paradis fiscaux. Ce qui laisse planer le doute sur d’éventuels conflits d’intérêts. Des soupçons encore renforcés par le fait que Nicolai Tangen devrait être autorisé à conserver une participation dans son hedge fund.
‘Cette histoire est incroyablement grave. Le recrutement apparaît sous un jour totalement nouveau’, a commenté Kari Elisabeth Kaski, du parti socialiste et membre du comité des finances du Parlement, dont les propos sont rapportés par Les Echos.
La question de la validation du recrutement de Nicolai Tangen sera tranchée le 27 mai prochain. En cas d’approbation, il entrerait en fonction en septembre. Dans le cas contraire, le fonds devra lancer une nouvelle procédure de recrutement, ouvrant ainsi la porte à une période de turbulences.
Manne pétrolière
Le fonds souverain revêt une importance cruciale pour le peuple norvégien. Les 939 milliards d’euros sous gestion équivalent à environ 175.000 euros par habitant.
Ce fonds, constitué grâce à la manne financière du pétrole, va aujourd’hui permettre au gouvernement norvégien de faire face à la crise du coronavirus, ainsi qu’aux prix en berne du baril d’or noir. Il prévoit ainsi de ponctionner cette réserve à hauteur de près de 420 milliards de couronnes, près de 38 milliards d’euros pour équilibrer son budget.
‘L’augmentation des dépenses est une nécessité dans la situation actuelle, à la fois pour éviter un ralentissement encore plus marqué et pour aider les entreprises en bonne santé à traverser la crise afin qu’elles puissent créer des emplois et de la croissance lorsque les circonstances normales reviennent’, a déclaré le ministre de l’Economie et des Finances, Jan Tore Sanner, dans un communiqué relayé par l’AFP.
Lire aussi: