En Hongrie, le gouvernement du Premier ministre Viktor Orban a lancé lundi une nouvelle campagne contre le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et l’homme d’affaires hongrois-américain George Soros. Ils sont accusés d’oeuvrer pour promouvoir des mesures en matière de migration qui « menacent la sécurité de la Hongrie ».
La campagne a été lancée ce lundi sur la page Facebook du gouvernement hongrois, et elle montre les visages de Juncker et Soros ricanant avec les slogans : « Vous avez aussi le droit de savoir ce que Bruxelles prépare », et « Ils veulent instaurer le quota de réinstallation obligatoire [des migrants], affaiblir les droits des Etats membres à défendre leurs frontières, faciliter l’immigration au moyen d’un visa de migrant ».
Une première
Le gouvernement hongrois a entamé depuis plusieurs mois une croisade contre George Soros (financée par les contribuables) mais c’est la première fois qu’il lui associe le président de la Commission européenne. C’est d’autant plus remarquable que ce dernier appartient au même groupe politique que le Fidesz, le parti d’Orban, au Parlement européen : le Parti populaire européen (PPE). Autrement dit, un Premier ministre membre du PPE a accusé le président de la Commission, lui-même du PPE, d’agir délibérément contre les intérêts de son pays.
La porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a immédiatement réagi en indiquant qu’il s’agissait « de fausses informations. Il n’y a pas de complot, les Hongrois méritent des faits, pas de la fiction ». « Contre les mensonges, on ne peut pas faire grand-chose, a déclaré Juncker lui-même à propos de cette campagne.
« La Hongrie doit réaliser qu’elle est partie prenante dans les décisions de l’UE »
Joseph Daul, le président du PPE, a témoigné de son indignation dans une série de tweets dans lesquels il a défendu Juncker. « J’aimerais rappeler au Premier ministre Orban que les décisions à Bruxelles, y compris celles qui concernent la migration, sont prises collectivement par les gouvernements de l’UE et le Parlement européen, qui incluent tous deux des représentants Hongrois. Au lieu de considérer Bruxelles comme un ennemi fantôme, la Hongrie doit réaliser qu’elle en fait partie ».
I'd like to remind PM #Orbán that decisions in #Brussels, including on #migration, are taken collectively by EU governments & @Europarl_EN, both of which include Hungarian representatives. Instead of casting Brussels as a ghost enemy, Hungary must realise it is a part of it. 3/3
— Joseph Daul (@JosephDaul) February 19, 2019
Mais en dépit de cette remise en place, il n’a évoqué aucune sanction possible au sein du PPE…
Orban peut-il encore appartenir au PPE, comme Juncker ?
Cet épisode apporte peut-être une réponse à la question de savoir si le Premier ministre hongrois peut encore faire partie du PPE. C’est en tout cas la conclusion que Juncker lui-même semble avoir tirée. Lors d’une visite visite au Parlement régional allemand de Bade-Würtemberg à Stuttgart, il a jugé que le Fidesz « ne représentait en rien les valeurs chrétiennes-démocrates ». « Je crois que sa place n’est pas au Parti populaire européen », a-t-il ajouté. Ce n’est apparemment pas la première fois que le président de la Commission fait cette observation.
« A trois mois des élections européennes, cette affaire complique les affaires du PPE. Depuis des mois, au fil des outrances et provocations du Premier ministre hongrois, ses membres se divisent sur le sort à réserver au Fidesz. Mais jusqu’ici, aucune demande d’exclusion n’a été déposée à son encontre », observe le journal français Les Echos.