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L’OPEP compte maintenir le prix du pétrole à des sommets, mais le cartel en a-t-il vraiment les moyens ?

L’OPEP compte maintenir le prix du pétrole à des sommets, mais le cartel en a-t-il vraiment les moyens ?
Haitham al-Ghais, secrétaire général de l’OPEP et Abdelaziz ben Salmane, ministre saoudien de l’Énergie. (Akos Stiller/Bloomberg via Getty Images)

À en croire le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, il faudra encore souffrir un certain temps avant de voir chuter les prix du carburant.

Pourquoi est-ce important ?

Après que l'Arabie saoudite a commencé à réduire sa production de pétrole brut d'un million de barils par jour en juillet, les prix de l'or noir ont explosé. C'était d'ailleurs le but recherché. Depuis, Riyad a systématiquement prolongé cette réduction chaque mois, jusqu'à annoncer que celle-ci restera en vigueur jusqu'à la fin de l'année. Au moins.

Dans l’actu : Les prix du pétrole resteront élevés aussi longtemps que possible, a indiqué le secrétaire général de l’OPEP à la BBC. Or la demande ne va pas se tarir de sitôt, prévient-il.

  • « Nous voyons la demande augmenter d’environ 2,4 millions de barils par jour », affirme Haitham Al Ghais. « Bien sûr, sous réserve de certaines incertitudes sur le marché mondial. Néanmoins, nous restons assez optimistes… la demande mondiale en pétrole devrait être assez robuste cette année. »
  • Mais l’OPEP et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) n’ont pas le même point de vue pour 2024. L’AIE ne voit pas la demande augmenter dans de telles proportions.
  • Quoi qu’il en soit, l’Arabie saoudite a décidé de prolonger sa baisse de production de pétrole d’un million de barils par jour jusqu’à la fin de l’année. Cette réduction s’ajoute à d’autres réductions volontaires de l’OPEP, représentant 1,66 million de barils par jour, prévues jusqu’en 2024. Ce qui fait logiquement augmenter les prix.

Réaction : Après être descendus à environ 70 dollars le baril en mai, les prix du pétrole ont grimpé en flèche. Mardi, le prix du Brent a atteint 95 dollars le baril. On craint désormais qu’il ne dépasse les 100 dollars.

L’OPEP joue avec le feu

Objection : Couper à ce point les robinets de pétrole n’est pas sans risque.

  • À court terme, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a prévenu que la réduction de production de pétrole décidée par l’Arabie saoudite et la Russie pourrait causer une importante pénurie d’approvisionnement avant la fin de l’année.
  • Cette situation pourrait entraîner une nouvelle hausse du prix du carburant pour les automobilistes dans l’année à venir et aggraver l’inflation dans les grandes économies.
  • « Il s’agit d’une décision volontaire prise par deux nations souveraines, l’Arabie saoudite et la Russie. Cette décision peut être qualifiée de précautionneuse ou de préventive en raison des incertitudes », s’est pour sa part défendu le secrétaire général de l’OPEP.
  • Mais tout dépendra de l’état de l’économie mondiale et du risque de récession qui ramènera tout le monde à la réalité.

Continuer à investir dans le pétrole ?

À noter : L’OPEP s’inquiète davantage du « sous-investissement » dans le secteur pétrolier que d’un carambolage économique.

  • Interrogé sur la hausse des prix du pétrole et son impact sur l’inflation, Haitham Al Ghais balaie ces préoccupations et souligne l’importance d’une vision à long terme. Il mentionne que le secteur pétrolier nécessitera 14.000 milliards de dollars d’investissement d’ici 2045 et prévoit une augmentation de la demande en énergie de 25% d’ici là.
  • « Certaines voix ont appelé à arrêter les investissements dans le pétrole. Nous pensons que c’est tout aussi dangereux. Cela conduira à une volatilité à l’avenir, à d’éventuelles pénuries d’approvisionnement. C’est pourquoi à l’OPEP, nous avons toujours plaidé pour l’importance de continuer à investir dans l’industrie pétrolière tout en investissant également pour décarboner cette industrie et en nous orientant vers d’autres formes d’énergie alternative comme les énergies renouvelables ».
  • Un beau discours, mais l’OPEP ne compte pas abandonner les énergies fossiles. Alors que le directeur de l’AIE a indiqué que la demande de combustibles fossiles atteindrait son pic en 2028, l’organisation a rétorqué que ces déclarations sont « extrêmement risquées » pour le marché mondial de l’énergie.
  • Mais l’OPEP semble foncer tout droit dans un mur : la course effrénée à la voiture électrique joue contre les pays producteurs. Et c’est la Chine qui en est le bourreau.
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