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Les investisseurs en obligations d’État françaises se préparent à des semaines agitées

Les investisseurs en obligations d’État françaises se préparent à des semaines agitées
Emmanuel Macron – Getty Images

Un peu plus d’une semaine après que le président français Emmanuel Macron a annoncé de manière surprenante des élections législatives anticipées, la consternation autour de cette décision audacieuse reste grande et le chaos politique ne fait que s’accentuer.

Signe des temps : L’écart de taux franco-allemand reste depuis les turbulences financières de vendredi dernier à un niveau historiquement élevé de 70 à 80 points de base.

  • Cet écart peut être interprété comme un baromètre de confiance pour les finances publiques françaises. Plus l’écart avec l’Allemagne (malgré ses propres problèmes économiques, toujours la référence en Europe) est grand, plus la méfiance envers les obligations d’État françaises est forte.
  • Après l’annonce de Macron, l’écart est passé à 50 points de base, pour ensuite grimper vers les 80 points, pour beaucoup une limite critique.

Bluff politique

Pour rappel : Macron souhaite que ces élections législatives (premier tour le 30 juin, deuxième tour une semaine plus tard) envoient un signal de la part du peuple français, après la victoire du Rassemblement National (RN) d’extrême droite aux élections européennes du 9 juin.

  • Mais selon les sondages, sa propre liste (20 %) ne finirait qu’à la troisième place, derrière le RN (33 %) et le bloc de gauche Nouveau Front populaire (25 %). Pour le RN, Jordan Bardella est le candidat premier ministre et Marine Le Pen la candidate présidente à terme. Macron a déclaré qu’il ne démissionnerait pas après les élections législatives, quel que soit le résultat.
  • « Après nous, le déluge », résume Mathias Van der Jeugt, responsable de la salle des marchés de KBC. « Macron a mis en marche quelque chose. »

Ce que l’avenir proche réserve : Parce que Macron ne contrôle absolument pas la situation, selon les experts du marché, la nervosité restera élevée jusqu’au second tour de scrutin le 7 juillet.

  • « Le ministre français des Finances Bruno Le Maire a immédiatement dramatisé en disant qu’une victoire du front de gauche autour de Jean-Luc Mélenchon serait un prélude à une sortie française de la zone euro », analyse Van der Jeugt. « Le programme électoral de la gauche représente une attaque contre les finances publiques qui va à l’encontre des règles budgétaires européennes, contre lesquelles Mélenchon et ses compagnons se rebellent ouvertement. La plupart des réformes économiques sous Macron seraient immédiatement mises à l’écart. »
  • « Du point de vue du marché, le raisonnement pervers est qu’une victoire de Le Pen pourrait apporter du calme. Le Pen a déjà tendu la main à Macron et souligne qu’elle veut se concentrer sur le maintien de l’ordre (sécurité) et des finances publiques. »

Autre point : Il y a un élément supplémentaire. La Commission européenne partage mercredi ses évaluations budgétaires par État membre. Il sera intéressant de voir à quel point Paris sera sévèrement réprimandé.

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