Nous sommes confrontés à l’effort le plus difficile depuis les années 1980

L’Arizona n’a pas du tout besoin de faire autant de coupes’, a affirmé ces dernières semaines le président du PS, Paul Magnette. Ainsi que: ‘l’effort budgétaire qui se présente dans les années à venir est bien moindre que ce que nous avons fait sous Di Rupo et Dehaene’. Des déclarations remarquables, dont malheureusement peu de choses sont vraies. Dans le même temps, il semble nuancer la nécessité d’une véritable réforme. Ce n’est pas tout à fait surprenant, étant donné que « ses » ministres de l’emploi (Dermagne) et des pensions (Lalieux) ont bloqué à peu près toutes les réformes significatives au cours de la dernière législature. Mais avec cela, il continue à faire du bla-bla sur la gravité des défis auxquels nous sommes confrontés.

Des milliards de factures

Selon la Banque nationale, nous nous dirigeons vers un déficit budgétaire de 4,8 pour cent du PIB cette année, ce qui équivaut à 30 milliards d’euros. C’est le déficit le plus important depuis le début des années 1990. Plus encore, en tenant compte de la conjoncture et des charges d’intérêt (sur lesquelles la politique a peu d’impact) et des éventuelles interventions ponctuelles (qui ne changent pas grand-chose aux finances publiques à plus long terme), nous nous retrouvons même aujourd’hui avec le plus gros déficit structurel depuis le début des années 1980. Et pire encore, si nous ne faisons rien, ce déficit va automatiquement se creuser davantage dans les années à venir.

En raison du vieillissement de la population, les dépenses publiques en matière de retraites et de soins de santé augmentent chaque année. D’ici 2040, les dépenses publiques annuelles pour ces deux postes seront supérieures de 17 milliards (en euros d’aujourd’hui). Les charges d’intérêt annuelles augmenteront de 11 milliards (dans un scénario optimiste où les marchés financiers ne vont pas avoir de réelles inquiétudes concernant les finances publiques de la Belgique). En outre, un rattrapage des investissements publics sera nécessaire, notamment pour l’infrastructure, la numérisation et la durabilité. Un montant supplémentaire de 6 milliards par an semble être un minimum. Et beaucoup plus d’argent devra être consacré à la défense. Une norme de 3 pour cent du PIB, qui est de plus en plus discutée au sein de l’OTAN, signifie 11 milliards supplémentaires par an pour notre pays.

Un énorme défi budgétaire

Ces factures d’un milliard, qui s’ajoutent au déficit existant d’un milliard, ne signifient pas nécessairement que notre gouvernement sera bientôt en faillite. Mais cela signifie que nous sommes vulnérables à de nouvelles surprises négatives, et surtout que nous subirons un jour ou l’autre la pression des marchés financiers. Ignorer ou minimiser ce défi est irresponsable et nous mettra inévitablement en difficulté à long terme.

Réduire le déficit budgétaire à 3 pour cent du PIB d’ici 2029, qui est le plafond de déficit pour l’Europe, nécessite un effort budgétaire de quelque 22 milliards d’euros aujourd’hui. Pour mettre cela en perspective, la consolidation structurelle sous le gouvernement Di Rupo s’élevait à quelque 5 milliards (et non 28 milliards comme le prétend Magnette), celle sous Dehaene I à quelque 15 milliards. Nous sommes confrontés dans les années à venir à l’effort budgétaire le plus difficile depuis les années 1980.

Économiser et réformer

Depuis notre dernier équilibre budgétaire (en 2007), tant les recettes que les dépenses publiques ont augmenté, respectivement de 11 milliards et de 40 milliards en euros d’aujourd’hui. En ce sens, il est logique d’examiner principalement ces dépenses publiques aujourd’hui. En effet, sans intervention, nous sommes en passe d’avoir les dépenses publiques les plus élevées parmi les pays industrialisés dans les années à venir.

Le gouvernement sortant y a largement échoué, avec un rôle important pour les ministres fédéraux du PS, mais c’est surtout là que le gouvernement peut faire la différence dans les années à venir pour renforcer notre économie et notre prospérité future. Pour y parvenir, il faudra un vaste ensemble de mesures auxquelles tout le monde contribuera. Et cela commence par la reconnaissance de la gravité du défi auquel nous sommes confrontés.

Bart Van Craeynest
Économiste en chef chez Voka et auteur de « België kan beter »

Plus