Non, les hommes ne sont pas biologiquement mieux équipés pour réussir que les femmes

Depuis la nuit des temps, les femmes et les hommes sont perçus comme des êtres diamétralement opposés. Bien que leur biologie les différencie en plusieurs points, il n’existerait pas de raison biologique qui expliquerait pourquoi les hommes occupent des meilleurs postes que les femmes dans la société. La raison serait tout simplement liée à la culture et non à la nature.

Pour un grand nombre d’individus, le fait que la très grande majorité de postes à responsabilité ou valorisants soit occupée par des hommes est la preuve qu’ils sont biologiquement plus diversifiés et mieux équipés pour réussir que les femmes. Une pensée qui a de quoi agacer et qui a fait l’objet d’une étude. L’idée était de vérifier s’il existait une superdiversité entre les cerveaux masculins et féminins qui expliquaient que les hommes étaient plus à même de réussir.  

L’équipe de chercheurs – composée de deux hommes et d’une femme – s’est penchée sur un corpus de 10.000 études scientifiques pour établir des statistiques en vue de vérifier cette hypothèse. Ils ont tenté de voir si l’on retrouvait cette fameuse superdiversité chez les animaux, en étudiant les différences de personnalités chez les femmes et mâles de 200 espèces animales.

Et le résultat est – comme certains pouvaient s’en douter – qu’aucune preuve convaincante ne démontre une plus grande richesse de variabilité chez les mâles ou chez les femelles.

Des différences, oui

Les chercheurs ne nient pas l’existence de variabilités biologiques entre les femelles et les mâles. L’immunité ou simplement des traits morphologiques varient énormément d’un sexe à l’autre chez certaines espèces animales. Mais si nous devons utiliser la nature comme indicateur de la superdiversité de personnalité chez l’homme, comme cela a été suggéré à maintes reprises dans le passé – selon le sexologue anglais Havelock Ellis, le fait que le cerveau de l’homme soit plus gros que celui de la femme (en moyenne) implique un plus grand potentiel cognitif, ce qui expliquerait pourquoi les hommes occupent des postes d’influence et de commandement –, l’argument vaut également pour la femme. On retrouve en effet une diversité tout aussi variée chez la femme ce qui lui offre autant d’opportunités d’être un génie que pour l’homme, mais tout autant de ne pas l’être.

« Si les hommes sont plus variables que les femmes, cela signifierait qu’il y a plus d’hommes que de femmes avec un QI très faible ou très élevé », explique l’un des auteurs de la méta-analyse, le biologiste évolutionniste Michael Jennions de l’Université nationale australienne (ANU). « Mais nos recherches sur plus de 200 espèces animales montrent que la variation du comportement des hommes et des femmes est très similaire. Par conséquent, il n’y a aucune raison d’invoquer cet argument basé sur la biologie pour expliquer pourquoi plus d’hommes que de femmes sont lauréats du prix Nobel, par exemple, ce que nous associons avec un QI élevé. »

D’autres raisons au plafond de verre

Les chercheurs ne nient pas non plus que d’autres explications biologiques puissent expliquer pourquoi les femmes sont confrontées à un plafond de verre aussi résistant dans la société. Cependant, le manque de preuve en faveur de l’hypothèse l’homme est biologiquement mieux équipé pour « réussir » indique que ce plafond de verre est le résultat de facteurs non biologiques. Il peut donc être brisé.

Démanteler cette pensée permettrait de briser les structures sociales responsables des préjugés sexistes. « Au lieu d’utiliser la biologie pour expliquer pourquoi il y a plus de PDG ou de professeurs masculins, nous devons nous demander quel rôle la culture et l’éducation jouent pour pousser les hommes et les femmes sur des voies différentes », explique Harrison.

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