Nissan réduit la production de sa principale usine japonaise en raison de la faiblesse de la demande aux États-Unis

Nissan, l’un des plus grands constructeurs automobiles japonais, a réduit d’un tiers la production prévue dans sa principale usine japonaise ce mois-ci, selon deux sources au fait du dossier. Cette décision devrait se traduire par une réduction significative de la production de son modèle phare de crossover.

L’entreprise a fait état d’une disparition presque totale de ses bénéfices d’avril à juin et a revu à la baisse ses perspectives pour l’ensemble de l’année après avoir été contrainte d’offrir des remises importantes sur le marché américain. Cette situation met en évidence le risque croissant auquel Nissan est confronté sur son marché le plus important. Contrairement à ses rivaux Toyota et Honda, Nissan ne propose pas de modèles hybrides aux États-Unis, ce qui l’a empêché de répondre à la demande récente des consommateurs américains en matière d’hybrides.

Les difficultés liées à la faiblesse de la demande

Nissan prévoit de produire un peu moins de 25 000 véhicules dans son usine de Kyushu, dans le sud-ouest du Japon, ce mois-ci, en baisse par rapport aux niveaux précédents. La société prévoit de fabriquer environ 10 000 exemplaires du crossover Rogue pour l’exportation, soit la moitié de ce qu’elle avait prévu. Les ouvriers de l’usine de Kyushu travaillent désormais moins que les huit heures quotidiennes habituelles en raison de la réduction de la production.

Nissan s’est retrouvée avec une accumulation de modèles 2023 du Rogue aux États-Unis, qui devenaient plus difficiles à vendre avec le lancement du modèle 2024. L’entreprise a dû offrir des incitations agressives pour écouler le modèle 2023, tout en retenant la promotion agressive du modèle 2024, qui génère des marges plus importantes.

Défis à venir

Les difficultés de Nissan sur le marché américain devraient se poursuivre, selon les analystes. Seiji Sugiura, analyste au Tokai Tokyo Intelligence Laboratory, a déclaré que même si Nissan essaie de vendre des voitures de luxe ou coûteuses, il n’a pas ce genre de pouvoir de marque aux États-Unis. « Ils doivent faire des remises, ils doivent vendre avec des incitations », a-t-il déclaré.

Nissan s’est également fait piéger en ne proposant pas d’hybrides sur le marché américain, pariant plutôt sur le fait que les consommateurs américains seraient intéressés par les voitures à essence ou les VE. Cela devrait continuer à peser sur les performances de l’entreprise. Le marché américain dans son ensemble connaît une évolution de la demande en faveur des véhicules hybrides, et le lancement d’un véhicule hybride par Nissan n’est pas prévu avant 2026.

Défis mondiaux

Au niveau mondial, les stocks de Nissan s’élèvent aujourd’hui à 640 000 véhicules, soit le niveau le plus élevé depuis plus de quatre ans. L’état de ses activités aux États-Unis marque une nouvelle complication pour un constructeur automobile qui doit déjà faire face à des années de réduction de sa part de marché en Chine. Les États-Unis et la Chine sont les deux plus grands marchés de Nissan, et la montée en puissance de nouveaux acteurs en Chine, comme BYD, pourrait signifier que le constructeur japonais finira par être encore plus dépendant des États-Unis à mesure que les perspectives en Chine se réduisent.

Les difficultés de l’entreprise ont soulevé des questions quant à sa capacité à atteindre ses objectifs ambitieux, notamment celui d’augmenter ses ventes mondiales d’un million de véhicules tout en réduisant ses coûts afin d’améliorer sa rentabilité.

Principales conclusions

  • Nissan a réduit d’un tiers la production prévue dans sa principale usine japonaise ce mois-ci.
  • Cette décision devrait se traduire par une réduction significative de la production du modèle de crossover Rogue.
  • Les difficultés de Nissan sur le marché américain devraient se poursuivre en raison de l’absence d’offres hybrides.
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