New York, sa statue de la Liberté, son Empire State Building, et… ses fermes verticales

Les fermes d’intérieur sont de plus en plus nombreuses à pousser à New York,  et désormais, on en trouve dans la plupart des quartiers de la ville. Leurs productions sont très variées, et s’adressent aux marchés locaux, aux supermarchés, et aux restaurants.

L’agriculture d’intérieur, aussi appelée agriculture verticale, agriculture hydroponique, ou agriculture en environnement contrôlé, ne craint ni le gel, ni la sécheresse. Elle ne nécessite pas de pesticides, car il n’y a pas d’insectes dans ces environnements, à part ceux qui sont introduits, parce qu’ils sont utiles pour les cultures. Contrairement aux conditions naturelles, “l’ensoleillement” est permanent et contrôlé, grâce à un éclairage artificiel par LED, qui accélère la pousse des plantes, et l’hygrométrie est idéale. L’agriculture hydroponique recycle l’eau qui est utilisée pour donner des nutriments aux plantes, ce qui implique que ces fermes utilisent 90 à 97 % moins d’eau que l’agriculture traditionnelle.

Elle est aussi très économe en espace : les plantes peuvent être placées en étagères dans des containers, eux-mêmes disposés sur plusieurs étages d’un immeuble. Il est ainsi possible de produire plus de nourriture au mètre carré que sur un champ traditionnel.

De même, cette forme de culture n’est pas soumise au cycle des saisons, et il est possible de récolter les productions toute l’année. Enfin, la production réalisée directement dans l’univers citadin peut être immédiatement livrée, sans nécessiter de transport coûteux et polluant, assurant une  fraîcheur maximale aux consommateurs.

D’ici 2050, nous aurons besoin d’un Canada en surface de terres cultivables

Le concept de l’agriculture verticale a été développé par le microbiologiste américain Dickson Despommier, un ancien professeur de l’université de Colombia, pionnier de la culture hydroponique, en 1999. Il avait calculé que lorsque la population de la Terre atteindrait 9 milliards de personnes en 2050, Il faudrait 1 milliard d’hectares de culture supplémentaires, ce qui représente grosso modo la superficie du Canada. Mais comme les ? des terres arables sont déjà cultivés, il serait nécessaire de supprimer toutes les forêts pour gagner cette surface, ce qui aboutirait à un désastre écologique.

La solution consisterait à produire les fruits et légumes dans les immeubles ou les gens vivront, d’autant qu’à ce moment-là, 70 % des gens vivront dans des villes.

New York City, un site idéal pour l’agriculture d’intérieur

À New York, le message a été entendu. FarmOne, Gotham Greens, Sky Vegetables, sont quelques unes des pionnières de ce mouvement. Elles ont déjà commencé à exploiter les toits d’immeubles et les bâtiments vacants pour y installer des containers de culture hydroponique. Certaines fermes verticales ont commencé à coloniser les banlieues des villes pour réaliser des économies sur les loyers.

Dans le sous-sol d’un immeuble, FarmOne produit plus de 170 variétés d’herbes rares, de salades et de fleurs comestibles. Certaines d’entre elles ne poussent pas normalement à cette latitude, et encore moins en hiver. « New York City est l’un des meilleurs endroits pour l’agriculture d’intérieur, en raison de ses restaurants gastronomiques, les chefs apprécient vraiment nos produits. De même, une ville densément habitée, avec un bon système de transport est adaptée à nos méthodes de livraison, parce que nous utilisons les transports publics », explique son CEO, Robert Liang.

Une chaîne de distribution ultra-réduite

À Brooklyn, Gotham Greens vend ses barquettes de laitue aux supermarchés locaux, y compris low cost, un prix comparable à celui des autres salades, alors qu’elles sont bien plus fraîches : « La plupart des produits à base de légumes à feuilles sont amenés à New York en provenance de la Californie ou de l’Arizona, donc lorsqu’ils atteignent les étagères des supermarchés, ils ont déjà une semaine d’existence, et encore au-delà lorsqu’ils atteignent le consommateur. Les nôtres sont livrés seulement quelques heures après leur cueillette », explique le cofondateur de Gotham Greens, Viraj Puri. Gotham Greens dispose même d’un site de production sur le toit d’un supermarché Whole Foods qui vend ses produits.

Tous les producteurs sont unanimes : le succès est là, le marché est loin d’être saturé, on doit donc s’attendre à l’arrivée de nouveaux acteurs.

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