Netanyahou de retour au pouvoir, principalement grâce à l’énorme succès de son nouvel allié d’extrême-droite

Benjamin « Bibi » Netanyahou, soupçonné de corruption, semble être en passe de redevenir Premier ministre après les cinquièmes élections israéliennes en quatre ans. Âgé de 73 ans, il avait déjà été Premier ministre de 1996 à 1999, puis de 2009 à 2021. Son parti, le Likoud, n’a pas obtenu les résultats escomptés, mais ses nouveaux alliés ont excellé. Le bloc d’ultra-droite d’Itamar Ben-Gvir est devenu le troisième plus grand parti du pays.

Le principal adversaire de Netanyahou, le Premier ministre sortant Yair Lapid, a déclaré à ses partisans que « tant que le dernier bulletin n’est pas dépouillé, rien n’est terminé et rien n’est définitif ». Son large bloc anti-Netanyahou ne remporterait que 54 sièges sur 120 à la Knesset, selon les sondages de sortie des urnes. Pas assez, donc, pour une majorité.

Les quatre partis qui forment le bloc autour de Netanyahou obtiendraient, eux, cette majorité, avec 62 sièges. Au cours des prochains jours, tous les votes seront comptés et le résultat final pourrait être reporté à vendredi. Netanyahou, dont le parti Likoud remporterait 32 sièges, soit moins que ce que prévoyaient les sondages, a déjà remercié ses électeurs pour « l’énorme vote de confiance ». En réalité, l’ancien Premier ministre doit principalement son retour au succès de ses alliés et aux mauvais résultats de deux partis pro-arabes et du parti de gauche Meretz dans le bloc de son adversaire Lapid.

Ben-Gvir : du phénomène marginal au faiseur de roi

Les grands gagnants des élections de mardi seront les nouveaux partenaires de Netanyahou, les sionistes religieux d’extrême droite (Parti sioniste religieux + Otzma Yehudit), qui deviendront le troisième plus grand parti en Israël. Ils se préparent à à remporter un succès sans précédent, avec 13 ou 14 sièges. L’année dernière, ils en avaient obtenu à peine six. Le principal candidat de la coalition, Itamar Ben-Gvir, s’est réjoui lors d’un rassemblement de campagne réservé aux hommes à Jérusalem, où les partisans ont brandi des drapeaux israéliens et scandé « mort aux terroristes ».

Pendant plus d’un quart de siècle, Ben-Gvir, 46 ans, a simplement été perçu comme un phénomène marginal d’extrême droite en Israël. Il a notamment été un admirateur de Meir Kahane, un extrémiste israélo-américain assassiné en 1990 qui, entre autres, voulait priver les Israéliens arabes de leur citoyenneté, séparer les espaces publics en Israël entre les Juifs et les Arabes et interdire les mariages entre Juifs et non-Juifs. Ben-Gvir a construit une carrière juridique en défendant des juifs accusés de terrorisme et de crimes haineux, et a lui-même été accusé de sédition plus de 50 fois. Après plusieurs tentatives pour devenir membre de la Knesset, il y est parvenu en 2021, lorsque sa coalition a remporté six sièges aux élections. Depuis lors, il est devenu de plus en plus populaire.

Problèmes à l’horizon

Aujourd’hui, Ben-Gvir dit avoir pris ses distances avec les idées les plus extrêmes de Meir Kahane. Il ne soutient plus l’expulsion de tous les Arabes, mais seulement de ceux qu’il appelle des terroristes. Mais la sincérité de Ben-Gvir a été mise en doute en septembre par un membre important de son parti. Dans une vidéo ayant fait l’objet d’une fuite, un membre d’Otzma Yehudit, Almog Cohen, a présenté la nouvelle apparence modérée de son leader comme un « stratagème électoral ». Et puis il y a eu sa visite le mois dernier dans un quartier palestinien de Jérusalem-Est où il a encouragé la police à ouvrir le feu sur des lanceurs de pierres palestiniens tout en sortant son arme de manière ostensible.

Le succès de Ben-Gvir peut aider Netanyahou à revenir au pouvoir en Israël, mais il entraîne également des problèmes immédiats pour Bibi, car les partenaires internationaux d’Israël ont déjà prévenu que l’octroi de postes ministériels aux sionistes religieux nuirait aux relations bilatérales.

La fin de quatre années d’impasse politique ?

Mais Israël pourrait avoir mis fin à une impasse politique de quatre ans au cours de laquelle aucun dirigeant n’a pu obtenir une majorité parlementaire stable, obligeant les Israéliens à se rendre aux urnes à plusieurs reprises.

Pour la première fois depuis 2019, le pays peut être gouverné par une majorité parlementaire formée par un seul bloc idéologiquement aligné, ce qui réduit le risque de luttes de pouvoir entre coalitions et la probabilité de nouvelles élections anticipées.

La victoire de Netanyahou va succéder à l’un des gouvernements les plus inhabituels de l’histoire d’Israël : l’alliance diversifiée de huit partis autour Premier ministre Yair Lapid, qui a réuni des opposants politiques de droite, de gauche et du centre, et permis au premier parti arabe indépendant de rejoindre une coalition gouvernementale.

(OD)

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