La Banque centrale européenne (BCE) devrait annoncer un nouveau plan de relance jeudi afin de soutenir davantage l’économie de la zone euro. Plus tôt cette semaine, la Süddeutsche Zeitung a même mentionné l’achat d’actions de sociétés par la BCE. Une recette qui a été essayée au Japon avec peu de résultats. Le terme « monnaie hélicoptère » est également en train de se répandre.
Il ne semble pas y avoir de fin à la descente au sous-sol de la politique de taux d’intérêt qui a débuté en 2009. Un graphique (voir ci-dessous) de la Bank of America le montre clairement. Jamais auparavant dans l’histoire, le prix de l’argent (l’intérêt payé au moment de l’emprunt) n’avait été aussi bas au cours des 5 000 dernières années.
Le programme de quantitative easing (assouplissement monétaire, ou QE) sera probablement repris jeudi. En d’autres termes, on créera de nouveau de l’argent pour l’injecter dans l’économie. Dans la perspective de ce qui semble être une récession presque certaine, on espère que les particuliers et les entreprises continueront à contracter des emprunts. Beaucoup pensent que c’est une idée folle. Pourquoi ? Parce que depuis 2015, plus de 2 600 milliards d’euros ont été injectés dans les économies de la zone euro via ce système. Il en a résulté une efficacité très limitée et une croissance marginale.
Monnaie hélicoptère : tentant et addictif ?
Chaque fois que de telles mesures sont discutés, le terme « assouplissement quantitatif » apparaît également. Avec un terme plus populaire appelé « monnaie hélicoptère ». Le terme « monnaie hélicoptère » a été utilisé pour la première fois en 1969 par le célèbre économiste Milton Friedman. Il décrivait ces hélicoptères monétaires comme une politique visant à relancer les dépenses des ménages et l’inflation. En outre, il est également question de verser un montant mensuel directement sur le compte des citoyens de la zone euro.
Déjà en 2015, une série d’économistes avaient relancé cette idée. Ils ont ensuite écrit ce qui suit : « Chaque résident de la zone euro devrait recevoir 175 euros par mois pendant 19 mois. Avec cet argent, ils pourront rembourser leurs dettes existantes ou le dépenser à leur guise. En stimulant directement les dépenses et le travail, chacune des deux approches serait beaucoup plus efficace que les projets de la BCE en matière d’assouplissement quantitatif conventionnel. »
Différents scénarios et montants ont circulé depuis lors. Les économistes ci-dessus parlent de 175 euros par mois pendant 19 mois. Le Financial Times a demandé son avis à Moritz Kraemer, conseiller économique en chef chez Acreditus. Il parle d’environ 200 euros par mois jusqu’en 2023. Selon lui, l’inflation reviendrait alors à 2 %.
Ce n’est rien comparé à ce qui a déjà été fait
Quel que soit le scénario choisi, ce n’est rien comparé à ce qui a déjà été fait. Un simple calcul montre que si l’on alimentait le compte bancaire de chacun des 340 millions d’habitants de la zone euro à Noël avec 1 000 euros, 340 milliards d’euros se retrouveraient dans l’économie. A peine plus de 13 % des 2 600 milliards d’euros qui ont été artificiellement introduits jusqu’à présent dans l’économie. Avec le résultat que l’on connait.
Jusqu’à présent, la BCE n’avait guère envie de se lancer dans un « monnaie hélicoptère » et préférait diriger sa trésorerie vers les banques. En conséquence, ces 2 600 milliards ont été largement utilisés pour faire remonter le prix des actions et de l’immobilier au point d’aboutir à des valorisations témoignant de la formation de bulles. Les PME et les particuliers n’en ont guère profité.
Expériences réussies avec l’argent des hélicoptères
L’impact de la « monnaie hélicoptère » sur l’économie dépendra de la manière dont les familles utilisent cet argent gratuit. Si elles décident de l’épargner, il ne se passera rien, mais si elles le dépensent, cela peut avoir un effet multiplicateur bénéfique sur la croissance. Malgré toutes les critiques concernant les hélicoptères monéatires, on a constaté des expériences réussies pendant la crise des années 1930 au Canada, en Nouvelle-Zélande et au Japon. Grâce à une bonne coopération entre les responsables des politiques monétaire et budgétaire, l’inflation est restée maîtrisée et l’expérience a contribué à la reprise de l’économie. Si l’inflation devient incontrôlable, les banques centrales peuvent encore augmenter les taux d’intérêt ou commencer à vendre des obligations d’État.
Même si elle n’est pas entièrement dénuée de risque, la monnaie hélicoptère est une option de plus en plus acceptable si on la compare à la politique conventionnelle d’assouplissement quantitatif. Il vaut donc mieux enterrer le tabou qui entoure ce sujet.