Les écologistes font de la résistance en Allemagne : « L’énergie nucléaire n’est pas une solution pour les pénuries de gaz »

Prolonger la durée de vie des trois dernières centrales nucléaires allemandes, une solution envisagée pour aider le pays à économiser du gaz, est hors de question, a déclaré Robert Habeck, ministre fédéral allemand de l’Économie. M. Habeck a précisé que l’initiative pourrait, à terme, réduire la consommation allemande de gaz d’à peine 2 %.

Selon le ministre, ces économies ne sont pas suffisantes pour rouvrir le débat sur la sortie de l’Allemagne du nucléaire, compte tenu du consensus sur le sujet dans le pays.

Merkel

L’ancienne chancelière allemande, Angela Merkel, est à l’origine du projet de loi qui doit mettre fin à l’utilisation de l’énergie nucléaire d’ici la fin de l’année. Cette législation a été adoptée après la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon, il y a onze ans.

Une majorité de la population allemande s’est prononcée en faveur de la sortie du nucléaire à l’époque. Toutefois, les positions commencent à évoluer, car les craintes d’une crise énergétique l’hiver prochain, due à une baisse des approvisionnements en gaz russe, gagnent du terrain.

La coalition gouvernementale allemande – composée du Sozialdemokratische Partei Deutschlands (SPD), du Freie Demokratische Partei (FDP) et de Die Grünen – se montre elle-même divisée sur la question.

« Le retour à l’énergie nucléaire serait une mauvaise décision », a souligné M. Habeck, membre de Die Grünen, un parti qui puise ses racines dans le mouvement antinucléaire des années 1970 et 1980. « La décision n’apporterait finalement que peu d’économies en matière de consommation de gaz », a-t-il déclaré.

De l’autre côté du débat, Christian Lindner (FDP), le ministre allemand des Finances, a réitéré son point de vue selon lequel il serait préférable de prolonger la durée de vie de certaines centrales nucléaires pour une période limitée que de remettre en service des centrales au charbon.

« Nous ne devons pas être trop pointilleux, mais garder toutes les options », a-t-il fait valoir. M. Lindner a ajouté que, dans les circonstances actuelles, il pourrait accepter de prolonger l’utilisation de l’énergie nucléaire pour une période de plusieurs années.

Bavière

M. Habeck s’est dit prêt à discuter uniquement pour la centrale nucléaire en Bavière si un test de résistance montrait que cette mesure était nécessaire pour garantir la stabilité et l’approvisionnement du réseau électrique au cours du prochain hiver.

Le ministre a accusé la Bavière – un centre important de l’activité industrielle allemande qui dépend largement des centrales à gaz pour son approvisionnement en électricité et qui possède peu de centrales à charbon – d’être une source majeure du problème. Le länder dispose de relativement peu d’énergie éolienne et, selon M. Habeck, n’a pas réussi à améliorer son réseau.

Le fait que l’Allemagne doive également fournir de l’électricité à la France, qui doit faire face à la baisse de la production nucléaire, est un autre facteur du problème.

Le chancelier allemand Olaf Scholz (SPD) a souligné que les résultats du test de résistance devraient être connus à la fin de ce mois ou au début du mois prochain. « Ce n’est qu’alors qu’une décision finale sera prise », a souligné le chancelier.

« La situation en France, où près de la moitié des réacteurs sont hors service en raison de problèmes de corrosion et de maintenance, a montré à quel point cette technologie était problématique », a souligné M. Scholz. « Les nouvelles centrales nucléaires s’avèrent si coûteuses que – contrairement aux énergies renouvelables – elles feraient grimper les prix de l’électricité. »

Pourtant, la semaine dernière, plusieurs hauts fonctionnaires semblaient indiquer que la décision de prolonger les trois centrales avait été actée, et que le rapport attendu n’était plus qu’une formalité. Affaire à suivre.

(JM)

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