L’Allemagne est souvent considérée comme une économie sociale de marché rationalisée. La présence d’une richesse extrême reste une réalité. Même si elle est subtilement cachée.
Les super-riches allemands vivent dans l’ombre
Pourquoi est-ce important ?
La richesse déguisée en Allemagne soulève des questions sur l’efficacité du modèle social de marché. Car cette opulence invisible a des implications sur la structure économique et sociale du pays.Il n’y a pas de Musk ni d’Arnault allemands
Dans l’actu : l’Allemagne abrite d’importantes inégalités malgré sa réputation d’économie sociale de marché harmonieuse.
- Bon nombre des plus grandes entreprises sont toujours privées, comme BMW et Aldi. Même s’il y a de nombreuses personnes très riches, leur identité reste souvent inconnue. Car l’élite allemande est discrète.
- Il n’existe pas d’équivalent dans la vie publique allemande à Elon Musk, Bill Gates ou Bernard Arnault.
- En public, les riches restent à l’écart afin que l’Allemagne puisse se présenter comme une économie sociale de marché harmonieuse.
Combien de milliardaires allemands ?
Zoom avant : l’Allemagne ne dispose pas de registre officiel du patrimoine, ce qui rend difficile la cartographie de la richesse réelle.
- Forbes a dénombré quelque 126 milliardaires allemands en 2023. Manager Magazin a identifié 226 familles milliardaires.
- Deux chercheurs du Netwerk Steuergerechtigkeit ont récemment publié un rapport dans lequel ils réévaluent les actifs des milliardaires allemands.
- Ils ajoutent 11 fortunes à la liste, pour un total de 237 familles milliardaires en Allemagne.
- Plus important encore, ils ont augmenté l’estimation de leur richesse totale. Des 900 milliards mentionnés par Manager Magazin, ils l’ont fait passer à la fourchette 1.400-2.000 milliards d’euros.
- Les militants et chercheurs allemands soulignent de plus en plus ces inégalités. Ils soulignent par exemple que les deux familles les plus riches possèdent plus de la moitié de ce que possède la population allemande.
Les familles extrêmement riches paient peu d’impôts
Zoom arrière : même si les familles les plus riches d’Allemagne se caractérisent par leur discrétion, cela ne les empêche pas de mener des activités de lobbying influentes par l’intermédiaire de diverses fondations.
- Ces organisations s’engagent activement à promouvoir l’idée de propriété au sein des familles, au nom d’un noyau restreint et très riche.
- Ce groupe ne représente qu’une fraction (0,00017%) des 3 millions de petites entreprises familiales en Allemagne.
- En pratique, il apparaît que 18% des plus grandes fortunes allemandes n’ont plus de lien direct avec une entreprise spécifique.
- Un peu plus de la moitié des grandes entreprises familiales sont dirigées par un membre de la famille. Les femmes occupent des postes de direction dans moins de 10% de celles-ci. Une seule entreprise familiale d’Allemagne de l’Est est au sommet du capitalisme allemand.
- Le lobby de la richesse en Allemagne influence la politique fiscale en faveur des riches, obtenant d’importants allègements fiscaux.
- L’impôt sur la fortune en Allemagne a été suspendu en 1997.
- L’impôt sur les sociétés a été réduit en 2001 et 2008 et de nouvelles échappatoires ont été créées.
- Le résultat net est que les familles extrêmement riches en Allemagne, comme ailleurs, paient peu d’impôts sur les revenus qu’elles tirent de leur immense richesse.
- La prospérité de l’élite allemande est comparable, voire supérieure, à celle des autres grandes sociétés européennes.
En résumé : bien que l’Allemagne se présente comme une économie sociale de marché, cela masque une réalité plus profonde de richesse et d’inégalités importantes. Les ultra-riches exercent une influence significative, mais discrète sur la société et l’économie.
Depuis le début des années 1990, l’Allemagne a connu une augmentation très inégale de la richesse des 1% les plus riches. Le résultat au cours de la deuxième décennie du XXIe siècle, présenté sur le graphique ci-dessous, est remarquable. L’élite ultra-riche allemande a toutes les raisons de garder un voile de discrétion sur ses activités.
(OD)