Il n’aura pas fallu longtemps : l’abonnement payant de Meta déjà visé par une plainte

Pour l’organisation à l’origine de la plainte, l’abonnement de Meta – qui vise à permettre à ses utilisateurs de protéger leur vie privée – n’est « ni intelligent ni légal ». Mais plus encore, il prouve une fois de plus que l’entreprise nie sciemment le droit européen.

L’actualité : la proposition de Meta pour éviter le profilage publicitaire attaquée en justice.

  • L’organisme de défense de la vie privée en ligne Noyb, basé en Autriche, a déposé une plainte à l’encontre de Meta pour infraction à la loi européenne.

Zoom arrière : début novembre, l’empire Zuckerberg a déployé un abonnement payant auprès de ses utilisateurs européens, avec la promesse de ne plus voir de publicité, mais surtout que leurs données ne seraient plus collectées.

  • Un abonnement affiché à 9,99 € par mois – ou à 12,99 € par mois s’il est souscrit via l’App Store ou le Play Store.
  • S’ils ne s’abonnent pas, les utilisateurs doivent alors accepter les conditions d’utilisation habituelles. À savoir que leurs données personnelles sont aspirées et vendues à des annonceurs pour les cibler avec de la publicité.
  • Meta assure que cette proposition vise à se mettre en conformité avec le droit de l’UE en matière de protection de la vie privée, sans bouleverser son modèle économique.

Le détail : l’organisation Noyb, qui a fait condamner à de plusieurs reprises les géants des nouvelles technologies, estime que cet abonnement est totalement illégal.

  • « Non seulement ce coût est inacceptable, mais des chiffres de l’industrie laissent entendre que seulement 3 % des utilisateurs souhaitent être pistés, tandis que 99 % d’entre eux ne souhaitent pas payer quand on leur impose des frais pour protéger leur vie privée », assure NOYB.
    • Selon les calculs de l’organisation, le prix de la vie privée d’après Meta peut atteindre 250 € par an.
    • Une somme colossale qui remet d’ailleurs en question la bonne foi de Meta. L’empire Zuckerberg croit-il vraiment que les utilisateurs qui souhaitent protéger leur vie privée mettront ce prix ou n’était-ce qu’une parade pour brouiller l’UE ?
  • « Quand seulement 3 % des gens veulent nager, mais 99 % finissent dans l’eau, même un enfant comprend que leur choix n’était pas libre. Ce n’est ni intelligent ni légal, il est tout simplement pitoyable que la Meta continue d’ignorer le droit européen », a fait la démonstration Max Schrems, le président de NOYB.

Consentement libre

L’organisation justifie sa démarche en citant la décision de la Cour de justice européenne (CJUE) du mois de juillet qui imposait à Facebook et Instagram de demander le consentement de leurs utilisateurs afin d’utiliser leurs données à des fins de publicités ciblées.

  • Or, la loi européenne précise que ce consentement doit être donné de manière « libre et éclairée ».
  • Proposer une alternative payante à la collecte de données ne permet pas de « donner librement » son accord, martèle Noyb.
  • L’organisation craint que si rien n’est fait, d’autres acteurs puissent suivre l’exemple de Meta et proposer une alternative payante de leur application pour ne pas collecter leurs données. Une situation qui deviendrait financièrement insoutenable pour les consommateurs, estime Noyb.

Alors, oui : les utilisateurs ne sont pas forcés d’utiliser une application ou un service initialement gratuit s’ils ne sont pas d’accord avec son fonctionnement. Certes, mais dans le cas de Facebook et Instagram, cette manière de penser est simpliste vu l’importance que ces plateformes ont prise dans la vie de beaucoup de personnes. Elles ont d’ailleurs été qualifiées de « contrôleuses d’accès » par l’Union européenne, en raison de leur poids. De par leur taille, leur encadrement doit être justement plus fort.

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