Vous n’avez peut-être jamais entendu parler de Renaissance Technologies, ou du fonds spéculatif Medallion, et pourtant, ce dernier est peut-être l’un des fonds alternatifs les plus rentables de tous les temps. Selon les calculs de Bloomberg, il dégage un bénéfice net annuel de 40 %. Mais ce “hedge funds” est aussi auréolé de mystère.
C’est le mathématicien Jim Simons qui a créé Renaissance Technologies en 1988. Auparavant, il avait remporté le prix Oswald Veblen de l’American Mathematical Society en 1976 pour ses travaux sur la géométrie. Aujourd’hui, il est l’un des hommes les plus riches du monde, avec une fortune estimée à 16,6 milliards de dollars, selon le Billionaires Index de Bloomberg.
Le secret de Medallion : éliminer l’émotion
Selon Greg Zuckerman, auteur de “The Man Who Solved the Market: How Jim Simons Launched the Quant Revolution”, le secret de Medallion tient à sa capacité à se concentrer sur les données pures et dures, en débarrassant les informations des marchés de tout contexte émotionnel.
“Trop souvent, nous sommes émus par des histoires, quand il s’agit du marché des actions. Nous sommes captivés par les Uber, ou WeWork. Si vous regardez les meilleures entreprises aujourd’hui, Amazon, Netflix, Tencent, vous constatez que ce sont toutes des modèles. Et c’est la solution de Simons. En se fiant aux modèles et à la méthode scientifique, on ne tombe pas dans le piège des préjugés comportementaux”, explique-t-il.
Dès le départ, en effet, Simons a employé des modélisations mathématiques tenues secrètes pour prédire les changements de cours sur les marchés mondiaux afin de saisir ces opportunités. Les plus infimes modifications sont prises en compte ; les données sur lesquelles il s’appuie remontent parfois jusqu’au XVIIIe siècle. En outre, la durée de détention maximale des titres ne dépasse pas deux jours.
Une rentabilité brute annuelle de… 66 %
Selon les calculs de Zuckerman, la rentabilité annuelle de Medallion culmine à 66%, mais compte tenu des frais de gestion que la société de gestion prélève, le bénéfice net pour les investisseurs n’est « que » de 39 %. En effet, outre des frais de gestion de 5 %, Renaissance Technologies facture une participation à la performance de 36 %. Pour cette dernière, la moyenne du marché s’éatblit à 20 %.
Aujourd’hui, Renaissance Technologies emploie 300 personnes, pour la plupart des mathématiciens, et non des traders, et son encours serait proche de 10 milliards d’euros, toujours selon Bloomberg.
Et hélas, le fonds n’est pas ouvert aux investisseurs tels que vous et moi. En 2005, jugeant qu’il était trop gros, ce qui posait des défis supplémentaires en matière de gestion, Renaissance Technologies a décidé d’en exclure pour se concentrer sur un petit groupe de privilégiés.