Dormir jusqu’à Mars plutôt que d’endurer le voyage : l’hibernation comme solution aux trajets spatiaux

Un très profond sommeil, et hop, on se réveille frais et dispo sur Mars. C’est une idée que la NASA compte bien creuser, et le règne animal à beaucoup à nous apprendre sur nos options pour voyager dans l’espace sans trop en subir les conséquences. Quitte à adopter les habitudes de vie de l’écureuil de l’Arctique.

Pourquoi est-ce important ?

Voyager dans l'espace lointain, un rêve pour qui garde les pieds sur Terre, mais probablement un futur cauchemar pour celles et ceux qui feront véritablement le voyage. Sept à neuf mois de la Terre à Mars, dans la promiscuité et l'ennui, à subir les dangers des radiations spatiales ainsi que les différents maux causés par une faible pesanteur prolongée. Mais peut-être est-il possible de faire passer l'épreuve plus vite en dormant très profondément.

La NASA sponsorise de nombreuses recherches qui lui semblent prometteuses pour l’avenir de l’exploration spatiale. Elle a récemment accordé une subvention à Kelly Drew, professeure de chimie et de biochimie à l’université d’Alaska, et grande spécialiste de l’étude de l’hibernation, en particulier chez les rongeurs du Grand Nord.

L’hibernation, c’est quoi ? Cet état d’inconscience n’a rien à voir avec le sommeil, même très profond. Chez les animaux qui l’emploient, elle permet de ralentir leur métabolisme à des niveaux très bas durant des périodes prolongées, réduisant durablement leurs besoins en eau et en nourriture, et réduisant même au passage leur température interne. Une sorte de parenthèse léthargique pour survivre aux périodes de grands froids, plus ou moins profonde et prolongée selon les espèces.

Survivre au grand froid interplanétaire

  • L’agence spatiale américaine se penche très sérieusement sur l’hibernation comme solution pour envoyer des êtres humains au loin dans l’espace. En plongeant au moins une partie d’un équipage dans une profonde inconscience, ces astronautes n’auraient plus besoin de beaucoup de nourriture ni d’eau, et de beaucoup moins d’oxygène.
  • L’hibernation pourrait aussi leur permettre d’économiser leurs forces : la microgravité est très pénible pour un être humain, elle cause une atrophie des muscles et un affaiblissement des os, ainsi que des problèmes d’anémie dont les causes sont encore mal comprises. Or si l’on obtient les mêmes résultats qu’avec des animaux traversant des périodes d’hibernation, les astronautes qui feraient de même s’en sortiraient en bien meilleur état que leurs camarades restés éveillés.
  • En outre, cette période de léthargie pourrait se dérouler dans des capsules conçues pour résister aux radiations spatiales, ce qui serait plus simple que de blinder l’intégralité du vaisseau pour protéger un équipage actif sur toute la longueur du trajet.

« Cette recherche pourrait être utilisée pour aider les missions futures, de l’extrême de l’hibernation médicalement induite pour les missions spatiales de longue durée, à la protection des astronautes contre la fièvre des cabanes, les rayonnements ionisants, et bien plus encore. Elle pourrait également s’avérer efficace pour prévenir la perte musculaire et osseuse en apesanteur.3

La NASA via un communiqué

Une idée vieille comme la science-fiction

L’idée est vieille comme la science-fiction ; on ne citera que les premières minutes de la Planète des singes de 1968 en guise d’exemple. Elle n’en est pour l’heure qu’à ses balbutiements, avec cet intérêt pour les recherches de Kelly Drew sur l’hibernation des écureuils de l’Arctique. Mais elle pourrait s’avérer très prometteuse, car les découvertes faites dans le contexte spatial se retrouvent ensuite très vite dans notre quotidien, du velcro au GPS.

  • L’hibernation induite chez l’humain pourrait ainsi servir notre médecine bien terrestre : « Cela pourrait signifier que les patients qui ont souffert d’un accident vasculaire cérébral ou d’une crise cardiaque pourraient être placés en hibernation médicalement induite pour ralentir leur métabolisme jusqu’à ce qu’ils puissent être transportés dans un hôpital pour recevoir des soins » illustre la NASA.
  • L’agence américaine n’est d’ailleurs pas la seule à se pencher sur ce genre de recherche. Son équivalente européenne l’ESA envisage déjà de mettre au point des modules conçus pour induire un état de torpeur proche de celle de l’ours en hiver, avec le même objectif martien en tête.
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