Manifestations en Turquie : Répression de l’opposition et Erdoğan face aux appels à la démission


Principaux renseignements

  • Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Ankara pour demander la démission du président Erdoğan et s’opposer à la répression légale du Parti républicain du peuple (CHP).
  • Le leader du CHP, Özgür Özel, accuse le gouvernement de réprimer la dissidence et d’interférer avec le système judiciaire pour se maintenir au pouvoir.
  • L’emprisonnement d’Ekrem İmamoğlu, membre éminent du CHP et maire d’Istanbul, considéré comme le principal rival d’Erdoğan, a suscité des protestations généralisées et des inquiétudes quant à l’érosion de la démocratie en Turquie.

Une manifestation massive a eu lieu à Ankara, la capitale de la Turquie, rassemblant des dizaines de milliers de manifestants qui ont exprimé leur opposition à la répression judiciaire visant l’opposition turque. Les manifestations ont été alimentées par une affaire judiciaire qui pourrait entraîner la destitution du chef du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP). Cela fait suite à une année marquée par la détention de plus de 500 personnes, dont 17 maires, tous affiliés au CHP.

Enjeux sont importants

Les manifestants, filmés en direct, ont scandé des slogans exigeant la démission du président Recep Tayyip Erdoğan tout en brandissant des drapeaux turcs et des banderoles représentant leur parti. La décision imminente du tribunal, lundi, a un poids important car elle pourrait invalider les résultats du congrès de 2023 du CHP en raison d’irrégularités procédurales présumées. Une telle décision aurait des conséquences considérables, pouvant remodeler la structure du parti, provoquer des secousses sur les marchés financiers et influencer le calendrier des prochaines élections générales prévues pour 2028.

S’adressant au rassemblement dimanche, le dirigeant du CHP, Özgür Özel, a accusé le gouvernement de tenter de maintenir son emprise sur le pouvoir en érodant les principes démocratiques et en supprimant la dissidence. Il a souligné les victoires de l’opposition aux élections locales de l’année dernière comme preuve des tentatives du gouvernement de saper les défis politiques légitimes. M. Özel a appelé à l’organisation immédiate d’élections générales, qualifiant l’action en justice de politiquement motivée et de tentative flagrante de faire taire les voix de l’opposition.

Dénégations et détentions du gouvernement

Le gouvernement turc soutient que le système judiciaire fonctionne de manière indépendante et nie toute ingérence politique dans les procédures judiciaires. Cependant, un examen de Reuters a révélé que plus de 500 personnes, dont 17 maires, ont été détenues à Istanbul et dans d’autres municipalités contrôlées par le CHP à travers le pays au cours de l’année dernière. Ces détentions s’inscrivent dans le cadre d’enquêtes en cours sur la corruption.

Des centaines de membres du CHP attendent actuellement d’être jugés dans le cadre d’une vaste enquête sur des allégations de corruption et de liens avec le terrorisme. Ekrem İmamoğlu, maire d’Istanbul et principal rival politique d’Erdoğan, figure parmi les personnes emprisonnées. L’arrestation d’İmamoğlu en mars a déclenché les plus grandes manifestations que le pays ait connues depuis dix ans, entraînant une forte baisse de la valeur de la lire et d’autres actifs turcs.

Message de la prison

Dans une lettre lue à haute voix lors du rassemblement d’Ankara, İmamoğlu, qui écrit depuis sa prison, accuse le gouvernement de tenter de manipuler le résultat des prochaines élections en réduisant au silence les personnalités de l’opposition. Il a également critiqué le gouvernement pour avoir sapé la démocratie par le biais d’actions judiciaires politiquement motivées et d’efforts visant à supprimer la dissidence.

Le message d’İmamoğlu a trouvé un écho dans la foule, qui a applaudi à tout rompre et scandé « Président İmamoğlu » après avoir entendu ses paroles. La lettre se terminait par une déclaration puissante exprimant la confiance dans le fait que l’ère de la domination individuelle prendrait bientôt fin, pour laisser place à une ère où le bien-être collectif prévaudrait.

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