La pression vient de l’Espagne et du Portugal qui ont forcément beaucoup de liens avec l’Amérique du Sud. Les deux pays de la péninsule ibérique veulent entériner l’accord. Le trio Magnette-Gluksmann-Hulot contre-attaque et envoie un courrier à Ursula von der Leyen. Impossible de signer un tel accord sans dégrader encore un peu plus la planète, selon eux.
Paul Magnette, le président du PS, s’est fait un nom sur le dos du CETA. A l’époque, la petite Wallonie était l’un des derniers bastions imprenables de cet accord de libre-échange, ce qui a bloqué la ratification de la Belgique. Dans les faits, 90% de l’accord est entré en vigueur car il dépend de la compétence exclusive de l’UE. C’est le traitement des différends qui cristallisait les tensions. Il permettait à une multinationale de porter plainte contre une politique publique auprès d’un tribunal spécifique, indépendant des juridictions nationales. Ce mécanisme a finalement été corrigé pour le rendre plus transparent et indépendant. En outre, un arrêt de la CJUE a estimé dans un arrêt daté du 30 avril 2019 que ce mécanisme était “compatible avec le droit de l’UE”. Un arrêt qui fait suite à une demande de la Belgique. Le débat est (presque) clos.
Mais les grands accords de libre-échange renferment une dimension plus philosophique: à l’heure de la dégradation de la planète, de l’envie de consommer et de produire local, le CETA ou le MERCOSUR ont-ils encore une raison d’être ? Pour le second nommé, l’Espagne et le Portugal, dont l’économie est intiment liée aux pays d’Amérique du Sud, ne comptent pas lâcher le morceau. Les chefs des gouvernements espagnol Pedro Sánchez et portugais António Costa viennent de mettre un petit coup de pression à la Commission européenne : il faut signer l’accord
L’accord qui concerne le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay (en plus d’une série de pays associés) a été conclu par l’exécutif européen à l’été 2019. Or, il attend toujours la ratification des États membres.
Des socialistes divisés
Sanchez et Costa ont beau être des socialistes, ils ont récolté une contre-offensive de leurs camarades belges et français. Le duo Paul Magnette/Raphaël Gluskmann (eurodéputé) – qui n’en est pas à son premier ballon d’essai – a été rejoint par le médiatique Nicolas Hulot, ex-ministre du président Macron. Les trois ont décidé d’écrire une lettre à Ursula von der Leyen et ont publié une tribune dans Le Monde.
Le trio déroule l’argument écologique et se base notamment sur une étude qui vient de paraitre dans la revue scientifique Nature Climate Change. Cette étude montre que l’Amazonie perd du terrain et a atteint un point de basculement: la forêt a rejeté plus de carbone qu’elle n’en a absorbé ces dix dernières années.
Selon le trio, l’accord du MERCOSUR ne ferait que dégrader ce processus. ‘Une dégradation d’au moins 25% par an au cours des 6 prochaines années’, précisent-ils, au profit de l’élevage bovin.
Pour aller plus loin:
- La Wallonie dit ‘non’ à l’accord UE-Mercosur, qu’en est-il ailleurs?
- L’Asie signe le plus grand accord de libre-échange au monde