Lutte contre la désinformation: Facebook cible Roger Stone et Jair Bolsonaro

Facebook a annoncé ce mercredi la suppression pour désinformation de dizaines de comptes dans plusieurs pays, en particulier certains liés au président brésilien, Jair Bolsonaro, qui aurait récemment publié des messages en rapport avec la pandémie de Covid-19. Le conseiller de longue date de Donald Trump, Roger Stone, serait également concerné. 

Alors que l’Europe a récemment rendu Facebook responsable de négligence face aux fake news et aux messages de haine sur son site, l’entreprise multiplie les efforts pour redorer son blason. Ce mercredi , Facebook a retiré des pages personnelles et professionnelles liées à Roger Stone et au président brésilien, Jair Bolsonaro. 

C’est la récente publication de documents amassés durant l’enquête du procureur spécial Robert Mueller, sur l’ingérence de la Russie dans la présidentielle de 2016, qui a permis à Facebook de mesurer l’ampleur du réseau créé par Roger Stone.

Le  même jour, Facebook a également supprimé la quasi-totalité des comptes liés aux employés du président brésilien Jair Bolsonaro, qui auraient été utilisés pour diffuser des messages de divisions politiques et répandre des fausses informations sur l’épidémie. ‘Même si les auteurs ont tenté de dissimuler leurs identités, l’enquête nous a conduits au Parti social-libéral du président brésilien d’extrême droite, ainsi qu’à l’entourage de Jair Bolsonaro lui-même et de ses fils Eduardo et Flavio’, a déclaré Nathaniel Gleicher, chargé de la politique de sécurité de Facebook.

Les fils et les partisans de Bolsonaro ont aussi été accusés de  promouvoir une campagne dont le but était de salir les opposants du président brésilien. En effet, aux allégations de Facebook se rajoute la crise politique actuelle à laquelle le Brésil doit faire face.

Faux comptes

Les chercheurs du Laboratoire de recherche en criminalistique numérique du Conseil de l’Atlantique nord, ont passé près d’une semaine à analyser les activités des proches du président sur les réseaux sociaux. ‘Certaines de ces personnes ont utilisé  ‘des faux  comptes, allant même parfois jusqu’à se faire passer pour des organes de presse, pour diffuser des messages de soutien à Bolsonaro’, déclare la chercheuse Luiza Bandeira. 

‘Les messages attaquaient également les opposants du président’, a-t-elle ajouté. Leurs cibles comprenaient des législateurs de l’opposition, des membres de la Cour suprême du Brésil ainsi que d’anciens ministres. Le président aurait également encouragé la publication de fake news, comme en avril dernier, lorsqu’il s’était publiquement excusé d’avoir évoqué une pénurie alimentaire sur un marché de gros en raison de l’ épidémie.

Nathaniel Gleicher, responsable de la politique de cybersécurité de Facebook, a déclaré qu’il n’y avait aucune preuve que les politiciens eux-mêmes avaient géré les comptes. ‘Ce que nous pouvons prouver, c’est que les employés de ces bureaux ont encouragé ce type de comportement sur notre plateforme’. 

40 mois de prison

Les responsables de Facebook ont également déclaré avoir supprimé les pages  liées à Roger Stone sur Facebook et Instagram, ainsi que sa page Facebook Stone Cold Truth, qui comptait  pas moins de 141.000 adeptes. Au total, 54 comptes Facebook et 50 pages ont été supprimés. ‘Pas moins de 300.000 dollars de budget aurait été injecté dans ces pages’, au cours des dernières années, a déclaré Facebook.

Facebook, qui avait déjà découvert une partie du réseau en enquêtant sur les tentatives des Proud Boys, un groupe d’extrême droite banni du réseau en 2018, a bloqué plusieurs dizaines de comptes et pages, eux-mêmes suivis par 260.000 abonnés, ainsi que quatre comptes Instagram.

Ces mesures pourraient une fois de plus déclencher la colère de Donald Trump et d’autres conservateurs qui accusent Facebook de modérer et de supprimer les messages véhiculés par la droite. Le mois dernier, Facebook avait en effet retiré une publicité de la campagne Trump qui comportait un symbole nazi. 

C’est dans le cadre de l’enquête Mueller que Roger Stone a été condamné à 40 mois de prison pour parjure. Il a en effet été condamné l’année dernière pour avoir falsifié des témoignages  et menti au Congrès dans le cadre de son enquête sur l’ingérence russe dans les élections de 2016. Il doit se présenter à la prison la semaine prochaine et ‘ n’a pas souhaité faire de commentaires’. 

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