L’UE veut restreindre votre vie privée pour la bonne cause : « C’est juste une mauvaise proposition »

Avec le règlement CSA, l’UE veut introduire une loi par laquelle l’IA est utilisée pour détecter le matériel pédopornographique dans les communications privées sur Internet. Non seulement les termes de recherche seraient exploités, mais également les photos, le contenu des e-mails et les fichiers dans le cloud. Thomas Spaas, avocat chez Consysta, fournit plus d’informations.

L’essentiel : Bien sûr, la pédopornographie sur le net doit être combattue, mais la proposition semble manquer l’essentiel.

  • La proposition vise à utiliser l’intelligence artificielle pour rechercher du matériel nuisible. « Cette IA, qui existe déjà aujourd’hui, mais qui n’est certainement pas encore parfaite ni meilleure que les humains, peut-elle faire la différence entre des photos de soi dénudées dans le cadre privé ou des sextos ? Peut-elle faire la différence entre adultes et enfants ? Peut-elle faire la différence entre des photos de vacances innocentes sur la plage en bikini et ce qui n’est pas correct ? Il y a de très grandes questions à ce sujet, et en échange, nous devrions renoncer à toute confidentialité en ligne dans les messageries de chat », souligne Thomas Spaas.
  • « Si nous voulons arrêter cela, il est maintenant temps de dire clairement que nous ne sommes pas d’accord avec cela. Le matériel pédopornographique est dégoûtant, il doit être arrêté, au même titre que toutes les formes de maltraitance infantile, mais en échange, il faudrait renoncer à toute confidentialité en ligne… »

Sous-entendu : Une telle loi ne se limiterait pas seulement à empêcher la propagation de la pédopornographie, mais pourrait également être utilisée plus largement.

  • « Actuellement, la cible est la maltraitance des enfants, mais il pourrait s’y ajouter d’autres choses à l’avenir. Supposons que vous ayez un conflit social comme en France, et que Macron dise ‘Je veux interdire tout le matériel lié aux manifestants’, alors cela deviendrait possible », prévient Spaas.
  • « N’oubliez pas que nous sommes en Europe avec un certain nombre de régimes qui, selon la majorité actuelle en Europe, ne sont plus très démocratiques. Je pense à Orban notamment. Nous leur donnons des outils. C’est juste une mauvaise proposition. »

(OD)

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