Sans surprise, la Pologne et la Hongrie sont les grandes perdantes de la nouvelle répartition des fonds de cohésion – aka, les subventions européennes – qui pourraient être allouées dans le cadre du budget post-Brexit pour 2021-2027.
Mardi, la Commission a dévoilé sa proposition de répartition des fonds structurels pour la période 2021-2027, et, comme on s’y attendait, les subventions européennes pourraient être davantage orientées vers les pays du sud de l’Europe les plus affectés par la crise financière, au détriment des pays de l’Europe Centrale.
La fin de la « Politique de Cohésion »
La Commission européenne entend ainsi mettre un terme à la “Politique de Cohésion”, et à son corollaire, l’attribution des fonds structurels en fonction du produit intérieur brut par habitant, pour la remplacer par un cocktail de critères allant du taux de chômage des jeunes, à l’innovation, en passant par l’éducation, l’environnement ou encore la migration. En pratique, le PIB par habitant resterait déterminant à 80%, mais le taux de chômage et d’éducation des jeunes entreraient désormais en ligne de compte à hauteur de 15%, l’accueil des migrants, pour 3%, et les performances en matière de lutte contre le changement climatique, pour 1%.
Les pays de l’Europe de l’Est pleurent…
La Pologne et la Hongrie sont les grandes perdantes de cette potentielle redistribution. La première perdrait pas moins de 20 milliards d’euros annuellement, soit 23% de son budget actuel. La perte de la Hongrie se monterait à 5 milliards d’euros, ce qui représente encore plus sur le plan relatif : 24%. La Commission souligne que la Pologne a connu une période de croissance économique “extraordinaire” sur la dernière décennie, et qu’elle a donc désormais moins besoin d’argent. Malgré ces réductions, elle demeure le principal bénéficiaire.
La République Tchèque, la Lituanie, l’Estonie verraient également leurs subventions fondre de 24%.
Les pays de l’Europe du Sud rient…
De l’autre côté, la Roumanie, la Grèce et la Bulgarie sont les grandes gagnantes de cette nouvelle répartition, avec une hausse de 8 % de leurs subsides. Elles sont suivies de l’Italie (6,4%), de la Finlande (5,1%) et de l’Espagne (5%). La Belgique quant à elle devrait maintenir à l’identique son niveau d’aides européennes, qui se montent à 2,4 milliards d’euros annuels
“Les pays comme la Slovaquie, les pays baltes ou la Pologne reçoivent moins d’argent dans notre proposition de budget pour la politique de cohésion, parce qu’ils sont devenus plus compétitifs, qu’ils ont grandi économiquement », a expliqué le commissaire au Budget Günther Oettinger lors de cette présentation.
De l’eau au moulin des populistes eurosceptiques des pays de l’Est
Mais ses justifications ont échoué à convaincre les pays de l’Est de l’Europe, qui voient dans ces nouvelles répartitions une « punition » pour leur refus d’accueillir des migrants. La Commission leur rétorque qu’il s’agit « d’un juste retour des choses ».
Les 4 pays qui composent le groupe Visegrad (la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie) ont refusé de respecter les quotas de réfugiés. Mais ces pays ont aussi perçu 150 milliards de subventions cumulées depuis 2007…
Ce budget risque d’ajouter de l’eau au moulin des populistes eurosceptiques des pays de l’Europe de l’Est, observe Politico: « Les gouvernements de Varsovie et de Budapest, qui s’opposent quotidiennement à Bruxelles, utiliseront probablement le débat sur le budget comme une nouvelle occasion pour dire aux électeurs que l’UE et les capitales d’Europe occidentale n’ont pas leurs meilleurs intérêts à cœur ».