Le projet français d’essai de fusion nucléaire ITER est confronté à des problèmes après l’apparition de fissures dans un composant clé.
Le plus grand projet de fusion nucléaire du monde est reporté : le « Saint Graal de l’énergie » verra-t-il le jour ?
Pourquoi est-ce important ?
Depuis des décennies, les scientifiques tentent de construire un réacteur à fusion nucléaire opérationnel qui produirait plus d'énergie qu'il n'en consomme. En cas de succès, cela pourrait révolutionner le monde de l'énergie mais jusqu'à présent, il s'est cependant avéré extrêmement difficile de donner vie au "Saint Graal de l'énergie".L’essentiel : ITER, le plus grand projet de fusion nucléaire au monde, a été reporté pour la énième fois, rapporte Bloomberg.
- Deux composants fabriqués en Corée du Sud, un bouclier thermique fabriqué par la société SFA Engineering et des pièces de la chambre à vide fabriquées par Hyundai, se sont révélés défectueux.
- Le bouclier thermique, un élément clé du réacteur de fusion géant situé dans le sud de la France, s’est fissuré. Le composant est conçu pour supporter des températures jusqu’à 10 fois plus élevées que celles du soleil. Sans bouclier thermique, un réacteur à fusion ne peut pas fonctionner.
- Quant à la chambre à vide, elle est importante pour contrôler le plasma à haute température à l’intérieur du réacteur. Les composants livrés à présent semblent avoir été produits de manière différente, ce qui rendra difficile leur assemblage.
Un million de composants
Les conséquences : Il y a maintenant beaucoup de travail à faire pour arranger le réacteur.
- Au total, quelque 10 kilomètres de canalisations doivent être retirés du réacteur. Ensuite, les pipelines devront être réassemblés sur place. Le défi pour les ingénieurs sera de trouver de nouvelles façons d’assembler les composants.
- ITER se compose d’environ un million de pièces. Le réacteur était déjà terminé à approximativement 70 % lorsque les défauts ont été découverts.
- Il a fallu plus ou moins 15 ans pour construire ITER jusqu’à présent. Le projet devrait être achevé d’ici quelques années et coûtera aux alentours des 23 milliards d’euros. Toutefois, il est probable que cela prenne plus de temps et que le prix augmente également.
Le Saint Graal de l’énergie
Le contexte : La fusion nucléaire, contrairement aux réacteurs à fission nucléaire utilisés aujourd’hui, fonctionne en comprimant les noyaux atomiques si fort qu’ils fusionnent ensemble. C’est le même processus qui se déroule en permanence dans le soleil.
- Cependant, le développement de cette technologie est extrêmement difficile. Jusqu’à présent, les scientifiques n’ont pas réussi à extraire plus d’énergie d’un réacteur à fusion que celle qui y a été injectée.
- ITER devrait changer cela. Lorsque le projet sera opérationnel au cours de la prochaine décennie, des gains énergétiques nets devraient être réalisés pour la première fois.
- Mais même si cela ne se produit pas, ITER permettra potentiellement aux entreprises privées de développer plus rapidement des réacteurs à fusion. Les sommes d’argent qui affluent dans ces entreprises augmentent chaque année. Pendant ce temps, des dizaines d’entreprises dans le monde tentent de construire des réacteurs à fusion.
- La technologie conçue pour ITER les y aidera. Selon Laban Coblentz, porte-parole du projet, le but ultime d’ITER n’est donc pas nécessairement de construire une machine exceptionnelle, mais de démontrer que la fusion nucléaire est possible, a déclaré M. Coblentz à Bloomberg.
(lb)