Jusqu’à présent, la politique du président américain Donald Trump pour limiter les importations chinoises aux Etats-Unis a échoué, montrent des données auxquelles Søren Skou, CEO de la compagnie maritime danoise AP Moller-Maersk, a accès.
« C’est un développement ironique. Mais depuis que Trump a mis la pression sur les relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, les importations de produits et services chinois sur le marché américain ont augmenté », a dit Skou lors d’une interview donnée à Bloomberg.
Les exportations chinoises vers les USA ont augmenté de 5 à 10 %
M. Skou a indiqué que les exportations chinoises aux États-Unis avaient augmenté de 5 à 10 % au cours du dernier trimestre. Par contraste, les exportations américaines vers la Chine ont enregistré une baisse de 25 à 30 % au cours de la même période.
Selon lui, on peut attribuer deux raisons à cette évolution. D’abord, l’économie américaine est particulièrement florissante, ce qui signifie que les consommateurs américains peuvent consacrer plus d’argent sur des biens importés. De plus,les entreprises américaines ont commencé à constituer des stocks des produits qu’elles ont l’habitude d’importer, pour profiter de leurs prix actuels, avant que les droits de douanes décidés par l’administration Trump n’entrent en vigueur. Il ajoute que de nombreux clients lui ont dit qu’ils voulaient importer de grandes quantités de produits avant la fin de l’année.
Maersk absorbe environ un cinquième du fret maritime mondial. Elle est donc bien placée pour jauger l’évolution des trafics commerciaux dans le monde, et n’a pas manqué de critiquer la politique protectionniste de Donald Trump.
Un « combat asymétrique »
Selon Skou, Trump « livre un combat asymétrique », car la Chine a bien plus d’influence sur les décisions des entreprises que les Etats-Unis. « Donald Trump ne peut pas dire à Nike, à Walmart et à Home Depot qu’ils ne peuvent plus importer de Chine. Ces sociétés vont donc continuer à importer et à trouver des solutions [pour contourner les restrictions], et leurs marges en seront peut-être un peu affectées. Mais les entreprises étatiques chinoises n’ont pas besoin de beaucoup de signaux de Pékin pour réduire leurs importations en provenance des États-Unis ». De plus, les Chinois ont moins de difficultés que les Américains à trouver des sources alternatives des produits qu’ils importent. « Les grands importateurs américains n’envisagent pas de construire de nouvelles usines aux États-Unis. Ils envisagent plutôt d’acheter au Vietnam, au Bangladesh ou en Inde », dit-il.
Cela implique donc que Trump n’aura pas d’autre choix que de trouver un accord avec la Chine, ce qui devrait se produire au cours des tout prochains trimestres, selon Skou. Il ne prévoit donc rien de bon pour l’activité de son entreprise en 2019 « Il y aura un niveau élevé de stocks qui devra être abaissé et cela affectera les volumes [transportés à la baisse].