Alors que les États-Unis et la zone euro luttent tous deux contre l’inflation, la croissance américaine se porte comme un charme. On ne peut pas en dire autant chez nous.
L’insolente croissance américaine à laquelle l’Europe n’ose même plus rêver

Pourquoi est-ce important ?
Voilà plus d'un an que les banques centrales luttent contre l'inflation. En faisant grimper les taux d'intérêt, la Fed et la BCE tentent de refroidir leur économie pour faire baisser les prix. Avec une certaine réussite. Mais le danger qui pointe à l'horizon, c'est le risque de "hard landing", comme le nomment nos voisins, outre-Atlantique. Autrement dit, le risque d'une récession. Aux États-Unis, on en est loin, très loin.Dans l’actu : le Commerce Department a actualisé les chiffres de la croissance américaine au 3e trimestre.
- Et cette croissance a été revue à la hausse, passant de 4,9% – ce qui était déjà extraordinaire – à 5,2%, au 3e trimestre, par rapport à l’année dernière.
- Les économistes expliquent cette meilleure croissance du PIB par deux raisons : des investissements des entreprises meilleurs que prévu et des dépenses publiques plus importantes, en hausse de 5,5 % pour la période allant de juillet à septembre.
- En revanche, les dépenses de consommations ont été révisées à la baisse, n’augmentant désormais que de 3,6%, contre 4% dans l’estimation initiale.
- Mais les bénéfices des entreprises ont augmenté de 4,3% durant la même période, en forte hausse par rapport au 0,8% du 2e trimestre.
- De quoi craindre un reflux de l’inflation ? Pour le moment, elle va dans la bonne direction. En octobre, l’indice des prix à la consommation affichait 3,2%, contre 3,7% en septembre, en glissement annuel.
- À surveiller : la publication de l’indice PCE, ce jeudi. Il s’agit de l’indicateur préféré de la Fed pour mesurer l’inflation. Il mesure les prix liés aux dépenses de consommation des ménages américains. En toute logique, il devrait donc être favorable.
L’Europe lutte contre la récession
Une comparaison douloureuse : l’inflation est en baisse en zone euro, mais la croissance ne résiste pas.
- La BCE se rapproche de son objectif de 2% : l’inflation était de 2,9% en zone euro en octobre, en forte baisse par rapport aux 4,3% du mois de septembre. On doit toutefois cette chute principalement aux prix de l’énergie.
- La question est de savoir si cette chute de l’inflation va se poursuivre et s’il faut donc maintenir la pause dans la hausse des taux d’intérêt. Christine Lagarde a encore laissé toutes les portes ouvertes en début de semaine, ne rejetant pas la possibilité d’une hausse des taux, si elle devient nécessaire. Mais certains se demandent s’il n’est pas déjà temps de les baisser, ces taux, au vu de la croissance famélique en zone euro.
- Une première esquisse de l’inflation en zone euro pour le mois de novembre est attendue ce jeudi.
- La comparaison avec les États-Unis fait mal : au 3e trimestre, le PIB de la zone euro était en baisse de 0,1% par rapport au trimestre précédent, et en hausse d’à peine 0,1% par rapport à l’année dernière.
- Selon le dernier rapport du FMI, la croissance pour toute l’année 2023 devrait s’établir à 2,1% aux États-Unis, contre 0,7% en zone euro. Et le prochain trimestre pourrait encore nous surprendre.
- Voilà qui vient en tout cas corroborer le récit qui veut que l’écart se creuse de plus en plus entre les États-Unis et l’Europe.