L’industrie pétrolière russe sous pression : les sanctions font chuter les prix à un nouveau plus bas


Principaux renseignements

  • Les sanctions américaines font chuter les prix du pétrole russe à des niveaux historiquement bas.
  • Les experts prévoient que les niveaux de prix actuels menacent la rentabilité des champs pétroliers éloignés et pourraient conduire à une demande bloquée.
  • Bien que les marges de raffinage offrent un certain répit, les bénéfices des compagnies pétrolières russes chutent fortement, et les dividendes devraient atteindre cette année leur plus bas niveau depuis cinq ans.

L’impact des récentes sanctions américaines sur Rosneft et Lukoil a provoqué une onde de choc dans l’industrie pétrolière russe, faisant chuter les prix à des niveaux jamais atteints depuis la pandémie, rapporte The Washington Post.

Rabais élevés

Avec le pétrole Urals actuellement échangé entre 34 et 36 dollars le baril, le niveau le plus bas depuis le début de la pandémie, de nombreux producteurs peinent à couvrir leurs coûts d’exploitation. Les rabais sur l’Urals ont atteint un niveau sans précédent de 23 à 25 dollars le baril, aggravant encore la situation. Sur certaines cargaisons destinées aux raffineries chinoises, une remise de 35 dollars le baril a même été appliquée.

Les experts avertissent qu’aux niveaux de prix actuels, les coûts d’extraction et de transport sont à peine couverts. Cela signifie que les gisements isolés aux coûts de production plus élevés risquent de devenir non rentables. Bien que les champs matures dans des régions comme la Volga et la Sibérie occidentale restent rentables grâce à des coûts d’exploitation plus faibles, des réserves abondantes et un accès facile aux pipelines, les perspectives pour le secteur amont pétrolier restent sombres.

Demande bloquée

Les analystes prévoient une aggravation de la crise dans le secteur, accélérée par les récentes sanctions. Le nombre limité d’acheteurs disposés à acheter le pétrole sanctionné signifie qu’une quantité substantielle, estimée entre 1,6 million et 2,8 millions de barils par jour, pourrait être confrontée à une demande bloquée. Par conséquent, un volume important de pétrole invendu est stocké dans des pétroliers en mer.

Bien que les marges de raffinage offrent un certain répit grâce aux faibles prix du pétrole brut et aux prix élevés des produits pétroliers, les performances financières des compagnies pétrolières russes ont déjà été frappées. Le bénéfice net de Rosneft pour la période de janvier à septembre a chuté de 70  pour cent, et Lukoil a perdu la moitié de son bénéfice au cours du premier semestre de l’année. Les sanctions menacent également les actifs étrangers de Lukoil, estimés à environ 20 milliards de dollars (environ 17 milliards d’euros).

Perspectives sombres

À court et moyen terme, les analystes prévoient une nouvelle détérioration des résultats financiers des compagnies pétrolières, 2026 s’annonçant particulièrement difficile. Les dividendes qui seront versés cette année devraient atteindre leur plus bas niveau depuis cinq ans. Les recettes liées au pétrole et au gaz pour le budget russe ont fortement chuté, s’établissant en décembre à seulement 410 milliards de roubles (environ 4,4 milliards d’euros), soit 49 pour cent de moins que durant le même mois l’an dernier.

Malgré ces difficultés actuelles, les analystes suggèrent que les rabais sur le pétrole brut en Russie pourraient à terme se stabiliser autour de 10‑12 dollars le baril. La combinaison de faibles prix du pétrole et de flux de trésorerie potentiellement négatifs pourrait toutefois empêcher certaines entreprises d’augmenter leur production dans le cadre de l’accord OPEP+. (fc)

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