L’indexation automatique des salaires a-t-elle été surévaluée ?

C’est ce qu’affirment trois chercheurs de l’UGent, qui estiment que les factures d’énergie sur lesquelles l’indexation automatique s’est en partie basée ont été surévaluées, révèle Le Soir. Un sérieux handicap pour l’État et les entreprises.

Dans l’actu : trois chercheurs ont épluché 930.000 factures d’énergie.

  • Ce qu’il en ressort : les factures n’ont pas augmenté de 81% entre 2018 et 2022, comme le pensait l’État, mais de seulement 17%.
  • Près de la moitié des ménages a même payé une facture énergétique inférieure en 2022 par rapport à 2021.

Zoom avant : c’est quoi l’indexation automatique ?

  • L’indexation automatique des salaires et des allocations en Belgique est un système presque unique au monde (à l’exception du Luxembourg et de Malte).
  • Elle se base sur l’inflation et plus précisément sur l’indice santé (inflation sans le prix des boissons alcoolisées et le tabac, entre autres).
  • Au-delà d’un certain niveau (l’indice pivot), l’inflation déclenche l’indexation automatique.
  • En 2022, cet indice pivot a été dépassé 5 fois, les salaires et les allocations ont donc été indexés de 10% en tout.
  • Selon les prévisions du Bureau fédéral du plan, l’indice pivot devrait être dépassé encore une fois en 2023 et une autre fois en 2024.

L’enjeu : les entreprises sont-elles le dindon de la farce ?

  • Pour les auteurs, les autorités fédérales ont commis une erreur de calcul qui a des conséquences néfastes pour les finances de l’État et des entreprises. Ils estiment que l’indice santé a été surévalué de 3,5%.
  • Dans un contexte concurrentiel, les entreprises belges sont pénalisées par rapport aux entreprises des pays voisins, c’est ce que crient haut et fort les organisations patronales depuis des mois.
  • Interrogé à ce sujet, sur La Première, ce vendredi matin, le Premier ministre Alexander De Croo s’est montré plus nuancé : « On a bien protégé les gens. Quand on regarde les études, on est dans le top 3 européen de la protection du pouvoir d’achat […]. Mais, une fois que la crise est finie, en effet, ça vaut la peine de bien étudier comment l’indexation automatique a fonctionné. Il n’y a pas eu de chômage, nos entreprises ont bien survécu à cette crise, mais oui, il faut l’étudier ».
  • Les 3 chercheurs estiment que le gouvernement doit revoir urgemment sa méthode de calcul, en prenant en compte les factures réellement payées, et pas les estimations de la consommation passée sur base du prix des nouveaux contrats.
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