La Région de Bruxelles-Capitale doit réduire ses émissions de CO2. Un impératif qui pousse Sibelga, le gestionnaire de réseau de distribution d’énergie bruxellois, à envisager la possibilité d’avoir recours à l’hydrogène pour remplacer le gaz comme moyen de chauffage d’ici 2050.
À l’heure de la transition énergétique, la question de savoir comment le gestionnaire du réseau de distribution bruxellois d’énergie compte atteindre les objectifs pour réduire les émissions de CO2 dans la capitale belge se pose. Une question à laquelle Sibelga a déjà réfléchi. Sur base d’une étude menée par Deloitte et le bureau d’ingénierie Sweco, le GRD est arrivé à une première conclusion évidente: « Bruxelles aura besoin d’un mix énergétique diversifié entre l’électricité et les molécules », a indiqué Inne Mertens, CEO de Sibelga rapporte L’Echo.
Adopter de nouvelles sources d’énergie ne suffira pas
Pour que la transition énergétique génère des résultats, d’importants changements devront être faits et pas seulement en matière de source d’énergie, car sans une bonne isolation des bâtiments, l’électrification du chauffage via des pompes à chaleur ne pourra être rentable ni performant, a indiqué la PDG, après avoir souligné que 74% de la consommation énergétique finale à Bruxelles provenaient des bâtiments et que 50% de cette consommation étaient liées au chauffage à gaz.
Or, la plupart des constructions bruxelloises datent d’avant 1970 et sont mal isolées ce qui entraine une forte consommation de gaz. L’électrification du chauffage implique un taux annuel de rénovation de 3% d’ici 2050, alors qu’il n’est que de 1% à l’heure actuelle.
Le fait est que rénover un bâtiment coûte cher et tous les Bruxellois ne disposent pas forcément des moyens pour se lancer dans des travaux d’isolation. L’électrification seule comme alternative au gaz n’est donc pas idéale, car elle implique des travaux qui ne sont économiquement pas réalisables d’ici 2050.
Des freins à l’électrification qui a poussé Sibelga à envisager d’autres possibilités, notamment le biogaz, bien que le potentiel de production soit limitée dans la Région, ou les réseaux de chaleur, mais là encore les inconvénients sont nombreux. Il ne reste donc plus que l’hydrogène.
L’hydrogène, la solution idéale ?
Cette source d’énergie a le vent en poupe depuis quelque temps, mais elle est surtout plébiscitée dans l’industrie, ainsi que dans le transport lourd. Elle pourrait cependant être une alternative intéressante à une partie de l’électrification du chauffage à Bruxelles. Sibelga a en effet étudié plusieurs scénarios (plus ou moins de rénovation, coût relatif par rapport à l’électricité) et a déterminé que l’hydrogène pourrait représenter de 20 à 75% de la demande finale en énergie de chauffage à Bruxelles d’ici 2050.
Mais l’hydrogène seul ne suffira pas. « On s’est posé la question de savoir si l’hydrogène pouvait être une solution pour le chauffage en Région Bruxelles-Capitale, en sachant que, pour n’importe quelle solution, Bruxelles ne sera jamais énergétiquement indépendante. Il faudra de toute façon importer« , a souligné la PDG de Sibelga. « La grande conclusion ici est que nous aurons besoin d’un mix diversifié. Un peu de tout. Molécules et électricité. Nous adoptons une approche quartier par quartier pour trouver l’optimum économique en termes de chauffage. »
Reste que si l’hydrogène est vu par beaucoup comme la solution idéale – ou constitutive d’un mix énergétique –, il n’existe pas encore de système de distribution d’hydrogène. Il faudra donc créer de toutes pièces les normes d’un réseau de distribution urbain d’hydrogène.
Pour limiter les coûts – qui devraient tout de même être conséquents – et les travaux d’aménagement, le GDR bruxellois souhaite pouvoir réutiliser le réseau existant au maximum, mais des tests devront être réalisés pour vérifier que cela est bien possible. Sibelga vise 2024-2025 pour établir le plan définitif de la transition énergétique de Bruxelles.