L’Europe vise l’indépendance spatiale avec des sites de lancement nordiques


Principaux renseignements

  • L’Europe vise à acquérir son indépendance spatiale en utilisant les sites de lancement nordiques.
  • Le continent cherche à surmonter sa dépendance à l’égard des services de lancement américains et des fusées coûteuses.
  • Les ports spatiaux européens tels qu’Esrange et Andøya offrent des avantages concurrentiels. C’est grâce à leurs capacités de lancement rapide et à leurs conceptions réutilisables.

 

L’Europe entend réduire sa dépendance à l’égard des États-Unis en matière d’accès à l’espace en utilisant deux ports spatiaux nordiques éloignés : Esrange en Suède et Andøya en Norvège. Ces sites sont essentiels pour renforcer la présence européenne dans le domaine de l’exploration spatiale.

Actuellement, l’Europe est à la traîne des États-Unis en matière de lancements spatiaux. Alors que les États-Unis ont effectué plus de 150 lancements en 2024, l’Europe n’en a réalisé que 3. Son seul port spatial opérationnel est situé en Guyane française, à des milliers de kilomètres de l’Europe continentale. En outre, la fusée phare de l’Europe, Ariane 6, bien que puissante, est coûteuse et n’est pas réutilisable.

Ambition et innovation

Esrange, situé près de Kiruna, en Suède, offre une combinaison unique de vastes terres inhabitées, d’une pollution lumineuse minimale et d’une infrastructure solide. Utilisé à l’origine pour des fusées sondes dans les années 1960, Esrange a été modernisé pour accueillir des lancements orbitaux avec de nouvelles aires de lancement et de nouveaux hangars. Son éloignement en fait un lieu idéal pour la récupération de charges utiles et le lancement de missions militaires sensibles.

Andøya, un site côtier en Norvège, a récemment lancé avec succès une fusée développée par la start-up allemande ISAR Aerospace. Soutenu par le gouvernement norvégien et la société de défense Kongsberg, Andøya dispose de permis pour 30 lancements par an et a suscité l’intérêt de l’OTAN et de plusieurs ministères de la défense européens.

Une urgence politique et des ambitions technologiques

Cette poussée vers des capacités spatiales indépendantes est motivée à la fois par des ambitions technologiques et par l’urgence politique. La guerre en Ukraine a mis en évidence les dangers de dépendre de systèmes américains comme Starlink de SpaceX. Avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les responsables européens s’inquiètent du changement des priorités américaines et cherchent d’autres options de lancement qu’ils peuvent contrôler.

L’Europe ne se contente pas de rattraper son retard, elle vise l’innovation. Esrange a signé des accords de lancement avec la société sud-coréenne Perigee et la société américaine Firefly, qui prévoit d’offrir des lancements avec un préavis de 24 heures seulement en cas d’urgence – un service essentiel pour le remplacement des satellites pendant les conflits. Esrange et Andøya se préparent toutes deux aux futurs voyages spatiaux en travaillant avec leurs partenaires sur des fusées partiellement réutilisables, contribuant ainsi à la tendance mondiale vers des lancements plus durables et plus rentables.

Défis à venir

Malgré les progrès accomplis, il reste des défis à relever. L’achèvement de l’infrastructure, les essais des systèmes et la démonstration de la compétitivité de l’écosystème de lancement européen sont des tâches permanentes. Toutefois, la dynamique est en marche. Comme le déclare Lennart Poromaa, directeur d’Esrange : « D’ici un an environ, nous aurons probablement préparé l’ensemble de la base ».

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