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L’Europe a échangé une dépendance énergétique contre une autre

L’Europe a échangé une dépendance énergétique contre une autre
Getty Images

La semaine dernière, le prix du gaz naturel sur le marché principal TTF a augmenté de plus de 30 % en deux jours, passant d’environ 30 à 40 euros par mégawattheure (MWh). Cette hausse est due à la menace de grèves en Australie, à l’autre bout du monde.

L’essentiel : bien que le prix soit redescendu à 34 euros par MWh, il est clair que le marché spot du GNL, dont l’Europe dépend désormais, n’est pas aussi stable que les anciens flux de gaz naturel en provenance de Russie.

  • Depuis que la guerre a éclaté en Ukraine l’année dernière, l’UE a rapidement réduit sa dépendance à l’égard du gaz naturel russe acheminé par gazoduc. À la place, elle importe davantage de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance de pays tels que les États-Unis, le Qatar et l’Australie.
  • Si cette mesure a permis à l’UE d’éviter une crise énergétique et si les réserves de gaz naturel sont aujourd’hui plus importantes que jamais à cette époque de l’année, il y a toutefois un hic. L’importation par pipeline était en effet très stable, tandis que l’Union doit concurrencer de nombreux autres pays sur le marché du GNL.
  • Même (la menace d’) une réduction relativement faible de l’offre (une grève potentielle en Australie affecterait environ 10 % des exportations mondiales) peut faire monter les prix en flèche, comme cela est apparu clairement la semaine dernière. Le prix du gaz TTF a également grimpé en juin, jusqu’à 50 euros par MWh, après l’annonce de la fermeture définitive du gisement néerlandais de Groningen. À cela se sont ajoutés les travaux sur les gisements de gaz naturel norvégiens.

La solution est en contradiction avec la transition énergétique

Frappant : le gaz naturel étant très cher sur le marché spot, les pays européens concluent de plus en plus d’accords à long terme avec des pays comme le Qatar et les États-Unis. L’infrastructure nécessaire à cet effet est également en cours de construction.

  • Selon les critiques, cela risque de ralentir la transition énergétique. En concluant des accords à long terme, l’Europe achètera du gaz naturel en grandes quantités plus longtemps que nécessaire, au lieu de se concentrer davantage sur des sources d’énergie sans émissions.
  • Mais même si l’on se concentre suffisamment sur l’énergie sans émissions, l’infrastructure GNL est déjà en construction. Si la demande de gaz naturel diminue à cause de la transition énergétique, cela représentera un coût perdu, se chiffrant en milliards d’euros.

En attendant, l’UE restera dépendante de la volatilité du marché du GNL dans les années à venir. Bien que les capacités de stockage soient bien utilisées à l’heure où nous écrivons ces lignes, certains experts préviennent que la crise énergétique n’est pas encore terminée. Les tensions en Australie en disent long.

(JM)

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