Principaux renseignements
- Bruxelles sollicite l’aide européenne pour la reconstruction de la place Schuman en raison de coûts imprévus élevés
- Divisions politiques autour de la lettre, qui n’est pas officiellement soutenue par l’ensemble du gouvernement bruxellois
- Inquiétudes croissantes concernant la gouvernance et la situation financière de Bruxelles en l’absence d’un gouvernement à part entière
Le gouvernement bruxellois a adressé une lettre à plusieurs institutions européennes pour demander une aide financière en vue de la réaménagement de la place Schuman, située au cœur du quartier européen. C’est ce que rapporte la VRT. Les travaux s’avèrent beaucoup plus coûteux que prévu. Sans financement supplémentaire d’ici le 30 juin, les coûts pourraient encore augmenter.
Dans cette lettre, Bruxelles sollicite une « contribution financière commune ». Le courrier a été envoyé notamment à la Commission européenne, au Parlement européen, au Conseil européen et à la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. La ville y souligne sa situation budgétaire difficile, ainsi que l’absence d’un gouvernement pleinement opérationnel, ce qui complique toute intervention autonome.
Nouveau plan pour la place Schuman
Le projet vise à transformer la place Schuman en un véritable espace public : sans voitures, avec beaucoup de verdure et une grande structure en coupole. Mais le coût supplémentaire est important. Beliris, le service responsable des grands travaux d’infrastructure à Bruxelles, en a informé la ministre Elke Van den Brandt (Groen) en avril.
Le gouvernement bruxellois, en affaires courantes, a envisagé deux options : réaffecter des fonds d’autres projets via Beliris, ou solliciter un soutien européen. Étant donné les bonnes relations avec les institutions européennes, cette deuxième option a également été retenue. Toutefois, la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V) – ou, selon certaines sources, le ministre des Affaires intérieures David Quintin (MR) – doit encore approuver ce transfert budgétaire.
Sans gouvernement, Bruxelles ne peut pas rénover la place
Le professeur Wouter Van Dooren (Université d’Anvers) juge cette lettre « particulière ». Selon lui, il s’agit avant tout d’un appel à l’aide. « Sans gouvernement, Bruxelles ne peut pas mener de politique budgétaire. C’est là le vrai problème », dit-il. Il ne trouve pourtant pas étonnant que Bruxelles se tourne vers l’Europe : « L’Union européenne investit souvent dans l’espace public, et la place Schuman est, en quelque sorte, le jardin d’entrée des institutions européennes. »
La lettre est ridicule, selon le Premier ministre De Wever
Le Premier ministre flamand Bart De Wever (N-VA) a vivement réagi. Il qualifie la lettre de « nouveau point bas » et s’est excusé auprès de dirigeants européens comme Ursula von der Leyen et António Costa. « Ils demandent littéralement : ‘Est-ce que vous pouvez nous donner quelques sous ?’ », a-t-il déclaré dans Villa Politica. « C’est ridicule. Et cela alors que Bruxelles est censée être l’un des centres diplomatiques les plus importants du monde. »
De Wever a demandé aux institutions européennes d’ignorer la lettre. Il a souligné que le gouvernement fédéral n’était pas impliqué dans cette initiative. D’autres voix, comme celle de Frederic De Gucht (Open VLD), affirment également qu’il s’agit d’une démarche personnelle et non d’une décision de l’ensemble du gouvernement bruxellois. Invitée dans De Afspraak, la ministre Van den Brandt reste vague sur l’auteur de la lettre. Elle indique seulement que la secrétaire d’État Ans Persoons (Vooruit) entretient de bons contacts à Bruxelles.
De Wever plaide en faveur de conditions strictes si Bruxelles reçoit de l’aide
Bart De Wever critique également la situation générale à Bruxelles. Il va jusqu’à comparer la capitale à un « État failli ». « Il n’y a pas de gouvernement, la sécurité est problématique, et le budget est catastrophique. » Si Bruxelles devait à l’avenir demander de l’aide au gouvernement fédéral, De Wever souhaite qu’elle soit soumise à des conditions strictes. « Comme le ferait le FMI : réformer, assainir les finances, rétablir la sécurité. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’on pourra parler. »
Jean-Marie Dedecker (LDD) a même proposé à la Chambre de placer Bruxelles sous tutelle fédérale. De Wever a répondu qu’il n’existait pas de base légale pour cela. « Sinon, je l’aurais déjà proposé depuis longtemps. »

